De l’illustration à la peinture

Antoine Corbineau, réputé pour ses cartes des villes du monde entier, montre une autre de ses facettes dans l’expo qui lui est consacrée à l’espace LVL. Vous y verrez son travail de peinture inspiré de ses séjours estivaux en Russie. Rencontre.

 

Comment présenteriez-vous votre travail à un nantais qui ne vous connaît pas ?

Antoine Corbineau : J’ai deux activités: l’illustration, qui m’occupe principalement, et la peinture. Deux activités très distinctes dans mon esprit, deux démarches différentes. Dans le cas de l’illustration, il s’agit de travaux de commandes pour un très large panel  de clients, autant en France qu’à l’étranger, des magazines, des entreprises, des associations, des institutions, des maisons d’éditions. La peinture elle est un travail plus solitaire et autonome, avec une réflexion plus intime.

La plupart de nos lecteurs connaissent vos cartes des villes du monde entier et notamment celle de la ville de Nantes. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce travail ?

C’est d’abord l’aspect esthétique des cartes qui a suscité mon intérêt, la juxtaposition des couleurs, la nature très picturale de certaines cartes et l’évolution de leurs utilisations. L’usage des téléphones pour se repérer et voir le monde cartographié sur écran a rendu aux cartes papiers, moins utiles désormais, un bel espace de liberté, elle peuvent maintenant se permettre de s’abstraire de leur fonction première et s’aventurer dans un champ plus artistique et original.

Nantes by Night Antoine Corbineau

Nantes by Night © Antoine Corbineau

Par rapport à cette carte, a t-il été difficile de choisir telle ou telle rue, tel ou tel monument ? Comment avez-vous déterminé la délimitation géographique de votre travail ?

Le choix n’est pas si difficile que ça, il s’agit d’un travail purement personnel. Je ne me sens pas contraint à l’exhaustivité ni à la réalité stricte. Il m’arrive de réaménager certains quartiers à ma façon, supprimer des axes mineurs, avec des clins d’œil à l’histoire ou a des débats contemporains. L’idée est aussi de ne pas se limiter au centre ville / centre historique mais d’avoir le souci des périphéries.

Jusqu’à aujourd’hui, laquelle de vos œuvres vous a le plus passionné lors de sa conception ?

Globalement, j’ai la chance d’être appelé pour des projets plutôt intéressants, et je prends du plaisir dans la plupart d’entre eux. Plus récemment j’ai adoré travailler sur mon dernier livre Série TV : Le Grand Jeu aux éditions Milan et demi. C’était un gros challenge pour moi, techniquement, formellement, et je suis super heureux du résultat et de l’équilibre trouvé. J’ai pris beaucoup de plaisir dans l’illustration de ma grand carte de New York, une ville où j’ai travaillé quelques mois et que j’avais hâte de représenter.

Certaines de vos œuvres sont commandées par des marques (Dior, Tassimo …). Avez-vous déjà refusé des offres de grandes marques qui n’avaient pas le mêmes valeurs que vous ou qui ne comprenaient pas votre approche ?

Il m’arrive de refuser des projets, pour diverses raisons, mais je n’ai jusqu’alors pas reçu de proposition de marchand d’armes, ce serait certainement une ligne rouge par exemple.

Quel artiste contemporain vous impressionne le plus ?

David Hockney, c’est vraiment un modèle de réalisation artistique pour moi, un perpétuel renouvellement, une réflexion profonde et en même temps, une œuvre ouverte, qui s’adresse à tous et non à une élite ou une clique.

Si vous deviez être exposé dans l’un des plus grands musées (ou galeries) du monde, lequel serait-ce ?

Le Moma à New-York, en toute simplicité ! Il y a encore du travail du coup… J’expose dans un beau musée à Taiwan début juin, c’est déjà pas mal !

Attardons nous sur votre exposition qui prendra place à l’espace LVL. Qu’est-ce qui y sera présenté ?

J’y présenterai un nouvel ensemble de peintures sur papier, autour d’un thème assez spécifique, les datchas. Ce sont des petites maisons de campagne, où les familles russes se retrouvent dès le printemps pour y jardiner et s’y détendre. C’est une série inspirée de séjours estivaux en Russie.

Peut-on qualifier cette expo de personnelle ?

Oui, c’est la première fois que je montre mon travail en peinture en solo à Nantes.

Pourquoi avoir choisi l’espace LVL ?

C’est un super lieu, la programmation est toujours très intéressante et l’équipe passionnée. J’ai été ravi de leur proposition et de leur carte blanche quant au contenu de l’expo.

Quelles galeries sont pour vous incontournables à Nantes ?

L’espace LVL bien sûr ! Je suis également fan de l’Espace Mira rue Voltaire et de la HAB Galerie.

Et sinon, quels projets à venir pour 2018 ?

Mon livre sur les séries TV qui sort fin mai, plusieurs nouvelles cartes sur lesquelles je travaille (Île de la Réunion, Amsterdam, Le Havre…). Un livre pour enfants en fin d’année aux Éditions Fleurus.
Et j’espère de nouvelles peintures !

 

« Datcha » d’Antoine Corbineau
Exposition du 20 avril au 3 juin à l’espace LVL
espacelvl.com

Antoine Corbineau Lemon Mag

Illustration Lemon Mag © Antoine Corbineau