On l’oublie parfois mais Nantes est aussi une terre de soul. A l’instar des Elodie Rama, Isla, Smooth, Dtwice ou Malted Milk et autres C2C avec qui notre homme a d’ailleurs collaboré pour la plupart, Aymeric Maini sort, deux ans après un fort bel EP, un premier album à la croisée de la soul et du blues. Un disque intemporel, ou le protégé du label de Dtwice, ex-chanteur de Smooth,  nous démontre avec une certaine aisance ses talents de crooner fifties et de guitariste virtuose. Un album né d’une maintenant longue amitié, complicité même entre les deux hommes, habitués à collaborer sur leurs projets  respectifs. Et a ceux qui pensent encore que ce style musical ne se contenterait que de réinterpréter ou revisiter de grands classiques du genre, nous ne pouvons que vivement conseiller de découvrir Aimeric Maini ce printemps et  tout l’été prochain sur toutes les scènes de France, en régions et dans de nombreux festivals. L’occasion de succomber au charme de sa touche personnelle brodée d’une très grande modernité. Quelques jours avant la sortie nationale de l’album, nous avons croisé le nantais du côté du Stereolux….

Aymeric bonjour, l’album sort dans quelques jours, le 4 mars, peux-tu nous évoquer ton parcours, de tes débuts jusqu’à cet album ?
En fait, je suis originaire de la rochelle, ou j’ai grandi, et je suis arrivé à Nantes il y a une quinzaine d’années. Comme tout le monde, j’ai commencé à œuvrer dans de nombreux petits groupes inconnus, l’école de la vie où j’ai fait mes classes… Je pratique la musique depuis maintenant une vingtaine d’années. En parallèle de ces petites formations, je travaillais chez Algam, un des plus gros distributeurs d’instruments de musique en France, basé à Nantes. J’étais à ce qu’on appelle « l’endorsement », le sponsoring entre les marques et les artistes, ce qui m’a mis un pied à l’étrier et m’a permis de rencontrer énormément de gens du milieu, des artistes mais aussi des managers et des tourneurs. J’ai ensuite accompagné David Ledeunff sur son projet avec qui j’ai fait beaucoup de concerts, puis j’ai rencontré David Darricarrere, Dtwice, et je suis parti avec lui en tournée. J’ai également fait d’autres collaborations, et notamment avec un collectif avec le chanteur Ourse pour un projet entre la France et le Mali. En 2013, j’ai présenté mes compos à David et on a sorti sur son label Do You Like mon un premier EP. Celui-ci a plutôt bien marché, tout le pressage a été vendu… Je suis content de ce parcours, du fait de ne pas voir brulé les étapes… d’avancer petit à petit, tout d’abord derrière les autres, puis en solo, en duo, puis enfin en trio. Content d’avoir grandi en faisant beaucoup de concerts, dans des bars, dans des festivals puis des grandes salles. Et puis est arrivé ce moment de faire ce premier album, sur lequel j’ai travaillé près d’un an et demi…

Comment s’est passé la compo et l’enregistrement ?
La compo s’est passée seul, puis on a travaillé avec David sur la pré-production, puis ensuite en formation, en organique, avec de vraies basses-batterie. Nous avons tout enregistré avec le matériel du label que nous avons déménagé à Trempolino… A ce moment-là, j’ai eu envie de gonfler l’équipe. On a eu la chance de pouvoir travailler avec plein de belles personnes. Avec deux équipes rythmiques basse-batterie différente, avec K20 de Kokomo et Igor Pichon de Malted Milk d’un côté, et de l’autre Hibu corbell et Hervé Godard d’Hocus… Cela a donné aux titres deux couleurs, deux énergies différentes et à l’arrivée des morceaux bien variés… Puis naturellement David Le Deunff et Julia Charler (Isla) qui se sont greffés sur l’album et qui maintenant font partie du projet et seront présent sur la tournée.

Et cette tournée justement, comment se prépare-t-elle ?
Nous serons cinq sur scène, K20 étant pris par Kokomo, c’est Simon Riochet des Marquees qui sera derrière la batterie. Cela a super bien fonctionné pour notre première fin janvier à Stereolux, en plus c’était cool car c’était fête, à la maison, on a eu plein d’invités, comme Arnaud Fradin, le leader de Malted Milk, le bluesman Bo Weavil, K20 de Kokomo, et David de Dtwice. Plus david et Julia bien sûr avec moi sur scène. Et Motion qui a joué en première partie. Beaucoup de monde, beaucoup d’amis, un régal …

Revenons sur l’album et notamment la collaboration avec ton inséparable acolyte David, comment ça s’est passé ?
En fait je suis venu avec mes compos et on a tout épluché puis retravaillé aveen coréalisation. J’ai pu ainsi bénéficier de son talent de son expérience d’arrangeur, en travaillant main dans la main. Et j’avais vraiment à cœur de maitriser l’esthétique de cet album, j’avais mon nom dessus. Et un premier album a son nom c’est quand même une sacrée étape, il ne faut pas se louper, ni se fourvoyer. J’avais envie de marquer le coup. Et comme David a plein de bonnes idées, il a fallu faire le tri et parfois entre deux bonnes idées savoir choisir celle qui était la plus proche de mes envies, je souhaitais donner mon empreinte à ce disque. Dans ce projet au sens large, j’ai tellement de gens compétents autour de moi, avec des idées qui viennent tellement de partout, que parfois il est nécessaire et difficile aussi de faire le tri… Je suis a très à l’aise avec eux, c’est pour cela que ça a fonctionné.

Comment définis tu cet album ? Une suite logique du EP de 2013?
Oui, mais en moins 2.0. Avec beaucoup plus d’instruments joués, il se révèle plus organique, plus véritable, l’apport des autres se sent. Et je pense que les compos sont plus complètes. J’ai aussi exploré des choses que je ne faisais pas avant, comme notamment des tessitures de voix différentes, j’ai essayé de ramener des chansons plus personnelles, avec surtout plus de lumière, car par réflexe je vais souvent vers quelque chose d’un peu torturé , sombre, et là il y a plusieurs chansons qui sont plus solaires, plus positives, la différence à l’écoute devrait se sentir…

Nous avons découvert il y a quelques semaines le très beau clip. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Il a été réalisé par un nantais, Matthieu Renoult, le « Dude », qui a vécu longtemps à Montréal, a collaboré avec 20Syl, un type très talentueux et autonome. Il l’a pris de A à Z, je me suis bien laissé porter… Un clip avec de belles post production mais fait en mode Star Wars des années 80 !!! Quand je me souviens comment on l’a fait, avec deux bouts de ficelles, j’ai eu du mal à y croire quand j’ai vu le résultat… Je suis très content de ce clip, j’ai vraiment bien fait de lui faire entière confiance… On va faire un making off bientôt justement pour montrer son travail d’artisan et d’orfèvre…
On a eu la chance d’avoir le concours des Feedles, des graphistes nantais avec qui je travaille régulièrement, pour mes pochettes notamment et les visuels du livret. Pour une cohérence, ils ont participé au tournage, notamment pour les couleurs…

Le futur ?
Malgré la difficulté aujourd’hui de « vendre » un quintet en tournée, je suis ravi, la tournée grandit de jours en jours. Mais Il faut se relever les manches en permanence, il y a plein de choses à explorer. Il faut se rassembler … Nantes est reconnue comme une belle scène, mais parfois chacun ne se met pas assez en danger en faisant des initiatives communes, à l’image de ce que tu fais par exemple avec les Rockeurs ont du cœur… Il faudrait qu’on se mélange plus, mais on a tendance à travailler chacun de notre côté… Il faut qu’on partage… C’est sûr qu’à l’extérieur de Nantes c’est un label de qualité, on est tous très fiers de ce qui s’y passe, des gens font des efforts pour nous rassembler, mais a nous aussi d’avoir des initiatives… A nous de redoubler d’efforts et quand on est exposé d’emmener avec nous des gens moins exposés … Nantes est une belle vitrine, à nous d’en être dignes…

Propos recueillis par Laurent Charliot


aymericmaini.com