Une collaboration cosmique

Charlotte & Magon forme un duo atypique, ils ont sorti Lyrical Miracle le 16 mars. Nous les avons découverts grâce à la création de leur jeu qui nous détend à la rédaction. Vous trouverez le lien de celui-ci un peu plus bas dans l’interview. Rencontre avec ces deux amateurs et créateurs de Cosmic Pop.

 

A quel moment est né votre duo ? Qu’est-ce qui vous a plu dans cette collaboration ?

Charlotte : Notre duo de musique est né d’abord en ligne en 2006 grâce à Myspace. On a commencé à échanger de la musique. Magon m’envoyait les maquettes de son 1er EP solo, je lui envoyais des voix, donnait mon avis… On tchatait, on échangeait nos visions du monde, de la musique…

Magon : Ensuite en 2008 j’ai invité Charlotte à venir faire de la musique ensemble à Tel Aviv, sans vraiment penser qu’elle allait accepter. On est devenu un duo d’amour au passage.

Charlotte : Ce qui m’a plu c’était qu’on était très libre artistiquement, moi je venais de la musique expérimentale et c’était super de pouvoir faire de la pop qui aille dans tous les sens. J’aimais aussi l’émotion intense et le dévouement passionné qui émanait de nous à chacune de nos séances de création.

Magon : J’étais aussi vraiment soulagé de ne plus me retrouver seul à porter mon projet artistique, et ma vie en générale.

Comment décririez-vous la Cosmic Pop ?

Une musique qui regarde vers le haut, les étoiles, qui vous emmène loin de ce monde, pour le voir de haut, et le retrouver avec un regard neuf. Il y a aussi l’idée d’une musique psychédélique, extraordinaire, touchante, mystérieuse…

Quels artistes au style plutôt psychédélique vous inspirent ?

Charlotte : C’est intéressant que cette question mentionne “plutôt psychédélique” car il ne s’agirait pas pour nous de ne se référer qu’à la musique de genre dit “psychédélique”.

Magon : Bjork, Jimi Hendrix, Sly and the family stone pour n’en citer que quelqu’un-e-s…

Charlotte : Nous avons aussi découvert récemment Pauline Anna Strom qui mérite vraiment d’être re-découverte et dont la musique nous emmène réellement ailleurs sans prises de drogues obligatoires. (rires)

Lyrical Miracle est sorti le 16 mars, que représente ce nouvel album pour vous ? Quel(s) message(s) aimeriez-vous faire passer par celui-ci ?

Cet album est l’aboutissement d’un changement de vie et de visions sur le monde que nous avons entamé en 2015 avec la sortie de notre EP Egg Dance. Il s’agissait pour nous à cette époque de nous jeter dans l’inconnu en commençant à produire notre musique et nos clips nous-mêmes, en montant notre label etc. Il a fallu qu’on avance sans n’attendre rien de personne car il est très difficile de se faire une place dans le monde en tant qu’artiste. Et le monde de la musique est sujet aux mêmes tourmentes que celles qui ravagent notre société. Il y a bien entendu la crise économique qui fait qu’il y a énormément d’artistes pour “très peu d’élu-e-s”, mais nous nous sommes aussi rendu-e-s compte que le sexisme, le racisme et toutes les horreurs en -phobie et -isme vont bon train dans la filière, même si on pourrait s’imaginer que de prime abord le monde de l’art est plutôt « ouvert d’esprit”. Ces prises de conscience ont un peu éclaté la bulle douillette dans laquelle nous nous réfugions pour nous protéger. Il a fallu trouver de la force (thème de notre EP Power In sorti en 2016) et tenter de reconstruire notre monde de l’intérieur et de l’extérieur après l’avoir déconstruit. Et les chansons de ce dernier album reflètent ces questionnements, ces recherches, ces besoins de renouveau, nos peurs, nos colères, nos désirs de mieux. Nous sommes de grand-e-s idéalistes, et il est vrai qu’on aimerait changer le monde. Grâce à l’art, à l’amour, au respect des autres, des animaux et de la nature… Dans l’état actuel des choses et par ce que nous sommes bien conscient-e-s que ce n’est pas demain la veille que ce changement radical pour le meilleur s’opérera, c’est un peu croire aux miracles de se dire “les choses peuvent s’améliorer du tout au tout”. Mais le fait de le dire, de mettre des mots sur nos maux, nos angoisses et nos rêves, pouvoir les statuer, les transformer en œuvres d’art, c’est déjà un grand premier pas. Et cette capacité des humain-e-s de pouvoir communiquer leurs émotions (via les discussions, les psychothérapies, les rêves, l’art et la poésie entre autres) est assez miraculeuse. C’est ça le miracle lyrique. Le refrain de la dernière chanson de l’album “Over My Head” dit “love me till the end”. C’est un peu un des messages qu’on aimerait passer (entre autres) : à nous-mêmes, Charlotte à Magon et inversement, à notre public, aux personnes qui écoutent, au monde. Ne lâchons pas le fil, restons attentif-ve-s, aimons-nous, protégeons-nous les un-e-s des autres…

Parlez-nous de la pochette. En opposition avec le style de celle de votre dernier single « I don’t wanna go”.

Pour la pochette de l’album, nous voulions nous montrer, avec l’air de dire “nous sommes là, écoutez”. On se voulait angéliques et inspiré-e-s, comme dans des icônes religieuses, pour accentuer le côté miraculeux. Il y a aussi une impression de “hors du temps” qui nous ait chère. Le fait que Sylvain Gripoix ait pris la photo avec un polaroïd aide énormément à désorienter temporellement notre regard. Aussi nous sommes habillé-e-s en noir, et un bleu foncé simple et très profond nous entoure : une ambiance assez sombre. Mais au milieu de ce quasi néant mystérieux, nous restons serein-e-s et les fleurs dans nos cheveux donnent presque l’impression que nous revenons d’une fête païenne de célébration du printemps. Magon porte une robe et regarde à genoux Charlotte qui regarde le spectateur. Il y a comme une passation triangulaire de regards, de messages et d’émotions.

Par rapport à la pochette du single de « I Don’t Wanna Go »… Nous avons commencé à travailler avec l’artiste Adrien Lamm pour la pochette et le livret de l’album. Adrien est un artiste tellement prolifique !! Il nous a présenté bien 500 propositions différentes pour le logo, le titre de l’album, les paroles, les illustrations du livret. Nous étions tout simplement transportée-e-s dans son univers. Nous voulions montrer le plus possible ces croquis : sur les pochettes de singles, dans le jeu, dans le livret, sur nos badges, nos stickers, nos t-shirts… L’idée de la pochette du single lui ait venu lors de l’un de nos concerts à La Passerelle à Paris en 2017. Alors que nous chantions la chanson « I Don’t Wanna Go » (qui parle du service militaire de Magon en Israël), Adrien a dessiné rapidement sur un bock de bière un tank duquel sort cet animal mythologiques à deux têtes, que nous nous retrouvons sur le livre de l’album et dans le jeu.

Considérez-vous le clip comme une explication de l’écrit ou plutôt comme une carte blanche créative ?

Magon : Les deux ! On aime explorer pleins de nouvelles pistes créatives pour nos clips. On essaye toujours d’illustrer et d’explorer les thèmes des chansons mais cela peut être fait de tellement de manières différentes ! Donc on essaye réellement de changer de styles et d’approches à chaque nouveau clip. Cela dépend aussi du budget et du calendrier… Dans tous les cas, on adore faire des clips, et peut-être qu’un jour on se mettra à faire des films. (rires)

Vous avez créé un jeu pour permettre à votre public de remporter votre album. Comment vous est venu l’idée ?

Charlotte : C’était un rêve d’enfant. Aussi on s’est rendu compte que le jeu est un péché mignon commun à une très grosse partie de la population. On trouvait l’idée assez proche des thèmes que l’on aborde dans notre album : la quête, le surpassement de soi et des problèmes du monde. On voulait aussi proposer un jeu simplement beau. Que le plaisir de jouer s’allie au plaisir des yeux.

Votre album est en précommande en vinyle. Et vous quel est le dernier vinyle que vous avez lancé ?

Tu veux dire que l’on s’est procuré ? William Oneybor “Tomorrow” on écoute cet album depuis 3 ans déjà mais il fallait qu’on l’ait en vinyle 🙂

Quel miracle (autre que lyrique) pourriez-vous souhaiter pour cette année 2018 ?

Qu’il n’y ait plus d’armes nucléaires !

 

Charlotte & Magon – « Lyrical Miracle »
Sortie le 16 mars chez Baby Showtime