Douchka, l’art de manier la musique électronique

Douchka est venu fêter les 20 ans de la Nuit de l’Erdre en janvier dernier. Habituellement bien entouré par ses compères de Nowadays Records, il était cette fois-ci seul sur scène. Sa notoriété commence à grandir et c’est tout ce qu’on peut lui souhaiter tant ses sons nous transportent à chaque écoute. On a désormais hâte de le retrouver sur un LP, lui qui a sorti 3 EP dans sa jeune carrière professionnelle. Le dernier, Infantile, était plus pop que les précédents. Douchka aime tester, explorer, découvrir et cela se ressent dans ses musiques.

 

Depuis combien de temps le projet Douchka existe ?

J’ai commencé par jouer en club et en bar de nuit à l’âge de 16 ans, cela fait donc 10 ans maintenant. Je me concentrais uniquement sur des DJ set, je suis passé à la production un peu plus tardivement. Cela doit faire 3-4 ans que je produis et sors des EP.

Douchka Stereolux

© Lemon Mag

Qu’est-ce qui t’a plu, dès le début, dans la musique électronique ?

Plus jeune je faisais de la batterie mais ce n’est pas très sexy un batteur solo sur scène ! (rires) J’ai dégoté une boîte à rythmes basique, sans ordinateur, et j’ai commencé à faire des prod dessus. C’était très électronique, je croisais des morceaux de Justice avec ceux de Fatboy Slim, je bossais avec ce que j’écoutais à l’époque en fait. De manière logique, j’ai été amené à faire des DJ set mais je n’avais pas de platine. J’arrivais avec mes CD’s pour jouer en club, les clé USB n’existaient pas ! (rires)

De quel coin es-tu originaire en Bretagne ? C’est là que tu as commencé ?

De Douarnenez dans le sud-Finistère. Je vis à Rennes depuis presque 8 ans, j’y suis venu pour mes études à la base. Donc forcément, j’ai beaucoup tourné dans le nord-ouest pour commencer. J’ai pas mal fréquenté le festival Astropolis à Brest qui était un peu moins house et techno à l’époque. Je me rappelle très bien du passage de DJ Mehdi notamment ! Je faisais pas mal de tremplins lorsque j’avais moins de 20 ans comme à Panoramas. Dans le coin, je suis régulièrement venu à l’Altercafé. Les dates à Paris sont arrivées bien après et encore c’était avec des bandes de potes, je n’avais ni label ni tourneur. Je garde d’excellents souvenirs de tout ça.

Vis-tu toujours à Rennes ?

Oui, jamais de la vie j’irai à Paris même si j’adore y aller. C’est trop cool, c’est un petit village. (rires)

Tu es chez Nowadays Records depuis 2015, parles nous de cette nouvelle étape.

Quand j’y suis arrivé, il y avait très peu d’artistes. C’était le label de la Fine Équipe, Fakear commençait à se faire connaître aussi ! Ce qui est cool dans ce label, c’est qu’on est entouré par des gens qui s’y connaissent vraiment, qui sont également artistes. Ils savent de quoi ils parlent, ils n’ont pas juste un point de vue de directeur artistique, ils se mettent à notre place. On a beaucoup d’influences communes comme Kaytranada ou Cashmere Cat mais aussi des rappeurs old school. J’ai démarché aucun autre label, je voulais signer ici ! J’avais participé à la Redbull Music Academy, ils me connaissaient déjà de nom grâce à ça. Quand on s’est rencontré, ça l’a fait tout de suite.

Collabores-tu avec les artistes du label ?

De base, on se fait écouter tous nos projets. Hormis La Fine Équipe qui sont les « papas », je suis très proche de Clément Bazin avec qui j’ai beaucoup tourné. On se fait écouter beaucoup de sons, on se donne des conseils. Après, pour mes collaborations, j’aime bien aller chercher quelque chose de différent, de m’ouvrir à d’autres univers.

Concernant les live, sur quelles scènes es-tu passé récemment ? Comment les prépares-tu ?

L’été dernier, j’ai fait de beaux festivals comme Garorock ou Dour. J’ai fait une belle tournée personnelle et j’ai accompagné plusieurs fois Fakear également pour ses premières parties. Ensuite, j’ai fait une vingtaine de dates avec Leska sur un projet commun assez ambitieux. Après cela j’ai voulu faire une petite pause live sous le nom de Douchka. Je ne voulais pas refaire un live avec des anciens morceaux, il faut avoir quelque chose de neuf, j’attends mon prochain projet pour travailler sérieusement mon live. Il y a beaucoup de mecs qui gèrent très bien ça comme Petit Biscuit ou Møme, il ne faut pas prendre ça à la légère et se planter.
J’ai un très bon souvenir d’une date « sold out » à Paris au Point Ephémère avec Hi Levelz, c’était terrible ! J’ai hâte de retravailler pour la scène mais je prends mon temps.

Tu as déjà 3 EP à ton actif, qu’est-ce qui arrive en 2018 ?

J’ai beaucoup produit dernièrement. Après la sortie d’Infantile, j’étais dans un game un peu bizarre où je faisais des morceaux similaires. J’avais envie de faire quelque chose de nouveau donc j’ai préféré me concentrer sur le projet avec Leska. Ça doit faire deux mois seulement que j’ai retrouvé cette sorte de mojo très cool qui me donne envie de produire. Ce sera moins pop que ce que j’ai fait par le passé, je vais me détacher ce que font parfaitement Flume ou 20syl. Ce sera plus club ! J’ai déjà assez de matière pour sortir un EP mais pour le moment je ne sais pas. Un EP ou un album, c’est l’éternelle question !

De quel morceau es-tu le plus fier dans ces premiers EP ?

« Two minutes for love », il ne m’a pas pris beaucoup de temps, une nuit en fait. C’est un track que j’a fait de manière évidente. Mon EP Infantile était fini, j’étais chez mes parents loin des studios. J’ai directement contacté la maison de disque pour le mettre en clôture de l’EP. C’est un morceau instrumental, il m’a ouvert d’autres possibilités. J’ai surpris mon entourage professionnel avec ce titre.

Et pourquoi « Infantile » ?

Il y avait un désir de retour à l’essentiel, dans les prod’ et dans les mélodies. Avec Joyfull, j’ai appris à composer. Together, j’avais l’envie de montrer que techniquement j’étais chaud ! (rires) Avec Infantile, je voulais quelque chose de plus simple qui puisse se jouer en live de manière fluide. Je voulais quelque chose d’insouciant. On y retrouve d’ailleurs une chorale d’enfants grâce à Atom de C2C qui m’a aidé là-dessus. Dans le clip de « Sunday Morning » tourné en Thaïlande, on y retrouve un enfant aussi. J’ai fait cet EP sans prise de tête, j’étais dans ma bulle, je n’écoutais pas ce qui sortait à côté. Il a été fait en 3 mois, je testais les morceaux en live pendant ce temps.

douchka infantile

Qui peux-tu citer comme artistes qui t’influencent ?

J’ai toujours un peu de mal à répondre à cette question car je suis ouvert à beaucoup de styles. Je peux te citer Apollo Brown, Just Blaze que j’ai eu la chance de rencontrer, Cashmere Cat, 20syl etc. J’aime beaucoup l’univers de 20syl.

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

Chance The Rapper ! Il n’y a pas de meilleur rappeur venu du mid-west depuis Kanye. Je le mets même au-dessus Kendrick Lamar ! Il a quelque chose de novateur, il a raflé 3 grammys awards en indé, c’est hallucinant ! Je rêverais de faire une prod pour un mec comme ça.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Je vais citer un album récent, celui de Mura Masa sorti l’an passé !

 

Douchka – « Infantile »
Sorti le 21 avril 2017 chez Nowadays Records

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard