De la rue de Belleville aux Molières

Flore Vannier-Moreau vient tout juste d’être nommée pour les Molières dans la catégorie « Révélation Féminine » pour son rôle dans Clérambard. Agréablement surprise par cette nomination, FVM assure aller à la cérémonie par plaisir et curiosité. Et pourquoi ne pas repartir avec le fameux trophée … Réponse le 28 mai !
Début décembre, elle inaugurait le Théâtre de la Rue de Belleville avec ses deux associés Mathilde Banderly et Régis Florès. Elle tient à nous préciser l’importance de l’école de théâtre qu’ils tiennent. Ils ont monté une école à l’image de ce qu’ils auraient voulu faire, « c’est ce qui nous a manqué à l’époque » rajoute t-elle.
N’hésitez pas à venir la voir à partir du 4 mai au Théâtre de la Rue de Belleville sur son seul-en-scène Salles Gosses écrit par Mihaela Michailov.

 

Pour commencer, peux-tu nous parler de ta nomination aux Molières ? De la pièce dans laquelle tu joues et du rôle que tu interprètes.

Flore Vannier-Moreau : C’est Clérambard de Marcel Aymé, elle a été mise en scène par Jean-Philippe Daguerre. On a monté le projet il y a environ 3 ans. Antoine Guiraud et Isabelle de Botton sont également nommés aux Molières pour la révélation masculine et le second rôle féminin.
C’est l’histoire du comte de Clérambard qui n’a plus un sou. Lui et sa famille se mettent à tricoter des pullovers pour survivre. Le comte est un tortionnaire absolu, il tue des chiens et des chats pour subvenir aux besoins de sa famille jusqu’au jour où il va faire la rencontre de St François d’Assise. Ce dernier va le faire partir d’un extrême à l’autre, il va protéger les plus faibles.
J’y joue le rôle de la Langouste, une prostituée au grand cœur malgré sa vie miséreuse. Le comte de Clérambard se rend compte que son fils en est tombé amoureux. Pour le fils, c’est d’autant plus du fantasme que de l’amour, il n’a pas d’ami et ne sort que très rarement. Le père, suite à la vision de St François d’Assise, souhaite les marier. Ce sont deux classes sociales opposées, cela amène donc un conflit au sein de la famille. La prostituée, elle, trouve cette issue plutôt avantageuse pour sortir de sa triste vie même si des doutes persistent quant à la crédibilité de la proposition.

Comment réagis-tu par rapport à cette nomination ?

C’est vraiment bizarre ! Je vote également aux Molières comme une bonne partie de ma Compagnie. J’ai reçu plusieurs textos de félicitations, au début je ne comprenais pas car je n’avais pas été informé. J’ai pensé à une blague, sérieusement. Un poisson d’avril interminable ! (rires) C’est incroyable, pourquoi moi ? Pourquoi nous ?
C’est magnifique, que ce soit pour la compagnie, pour mon metteur en scène qui se bat avec sa femme pour faire vivre leur projet. Personne n’est connu à la base, personne n’est fille de ou fils de. La troupe s’appelle Le Grenier de Babouchka et nous sommes une quarantaine d’artistes. J’ai commencé à travailler avec Jean-Philippe Daguerre il y a un peu plus de 10 ans. Il a monté plusieurs Molières qui se joue dans les théâtres parisiens, cette mise en lumière récente est extraordinaire. Ça donne un espoir de fou pour tous les gens qui veulent faire ce métier !

Concernant le Théâtre de la rue de Belleville, que peux-tu nous dire sur ces premiers mois d’exploitation ?

Les gens trouvent le lieu magnifique, convivial et chaleureux. Ils ont plaisir à revenir, la programmation plaît. On a notamment joué Les Justes de Camus l’autre jour devant une salle comble. Il va falloir quelques mois voire quelques années pour se faire connaître sur Nantes et avoir une fréquentation régulière. Mais c’est vraiment un luxe de pouvoir jouer dans son propre théâtre.

Par le passé, tu as fait un peu de télévision et de cinéma. Était-ce un choix de te rediriger vers le théâtre ?

Cela s’est fait par la force des choses je dirais. Je ne suis pas du tout fermée, si cela devait se représenter j’irais avec plaisir ! Après je pense que c’est une question de réseau et aujourd’hui je suis bien plus dans le milieu théâtral.
Je suis sorti d’une école de théâtre et c’est lors d’une de mes pièces qu’une directrice de casting m’a remarquée. Comme j’étais sur Paris, tout s’est enchaîné assez rapidement. J’ai eu la chance de tourner dans des longs-métrages et des téléfilms. Ça m’a un peu éloigné du théâtre car c’est quelque chose de compliqué de joindre les deux. Les deux métiers se ressemblent mais les méthodes sont vraiment opposées.

Flore Vannier Moreau Saint Jacques

Film Saint-Jacques… La Mecque © UGC

Quels rôles t’ont marqué dans ta carrière ?

J’avoue que le rôle de Léonie Vincent dit la Langouste dans Clérambard est extraordinaire. J’ai un réel plaisir à le jouer, il a une part d’allegria. C’est vraiment jouissif de défendre ce personnage sur le plateau. C’est un cadeau en or pour une comédienne d’interpréter un tel rôle.
J’ai également interprété Dora dans Les Justes qui est une femme révolutionnaire, elle fabrique les bombes pour le parti. Il y a une progression émotionnelle magnifique dans cette pièce. Le personnage effacé du début va finalement s’affirmer notamment grâce à l’homme qu’elle aime.
Chaque personnage nourrit les personnages futurs, c’est magnifique de vieillir dans ce métier. Notre expérience de vie nous sert dans les différents rôles que l’on a à interpréter. C’est une richesse folle.

Tu joueras dans Sales Gosses qui est un seul en scène. Qu’est-ce qu’il va évoquer ?

C’est une pièce de Mihaela Michailov qui est une auteure roumaine. Elle raconte l’histoire d’une petite fille qui se retrouve ligotée et battue dans les toilettes d’une école. Elle a été punie par sa professeure à la suite d’un cours sur la démocratie et les élèves ont pris la suite de cette punition au moment de la récréation. Il y a un narrateur, c’est comme si cette petite fille racontait son histoire. Je joue tous les personnages dans cette pièce que ce soit le narrateur, la petite fille, la prof, les enfants … Cette pièce est un témoignage à travers plein de points de vue différents, ce n’est pas donneur de leçon. Chacun se fait son point de vue sur la situation. On vous raconte un fait divers et vous en faites ce que vous voulez.
C’est mise en scène par Damien Reynal qui était présent sur Les Justes également, il est assisté par Bénédicte Blanchard. La première est le 4 mai, on a à la fois peur et hâte d’être exposés au public !

 

« Clérambard » au Grand Théâtre d’Angers le vendredi 22 juin à 19 h / Festival d’Anjou
« Sales Gosses » du 4 mai au 16 juin / Théâtre de la Rue de Belleville

Auditions pour l’école du Théâtre Populaire Nantais : 18 juin, 27 juin et le 2 juillet
facebook.com/RuedeBelleville
Propos recueillis Par Alban Chainon-Crossouard