Gaël Faure présentera Regain à la Bouche d’Air

Trois ans après son premier album, Gael Faure est de retour pour livrer un second opus riche et intense. Sa version live devrait être à la hauteur car il fait partie de ces artistes qui s’impliquent dans leurs projets de bout en bout. Avant la scène, il se livre ici, dans nos pages.

 

Tu es venu en avril dernier à Stereolux pour le Chant des Colibris. Parles nous un peu de ton implication dans ce projet.

Il y a deux ans, je lisais « Vers la sobriété heureuse » de Pierre Rabhi alors que j’étais en pleine composition de mon album. Cela m’a inspiré une chanson, « Colibri », que j’ai d’ailleurs joué à Stereolux. Une chanson, c’est déjà bien mais je voulais m’investir davantage. J’ai été démarché le mouvement Colibris, créé par Pierre Rabhi, ils ont leurs locaux à Paris. Je leur ai dis que leur projet m’intéressait, que j’en avais fait des chansons etc. Ils avaient l’intention de monter un festival mais ils n’avaient pas assez de contacts, je les ai donc aidé grâce à mon réseau et c’est un peu comme ça que s’est monté le Chant des Colibris.
J’en suis très content, ça a donné beaucoup de sens à ma vie, à ce que je suis, à ce que je veux faire partager à travers ma musique.

Le 20 février, tu reviens à Nantes pour défendre ton deuxième album Regain sorti il y a quelques jours. Pourquoi avoir choisi nom ?

C’est un mot que j’aime beaucoup. Mon père était agriculteur, quand j’étais petit il utilisait beaucoup ce mot et je ne le comprenais pas vraiment. Plus tard, il m’a expliqué que le regain était la deuxième coupe d’une herbe, au sens botanique. Elle est censée être plus riche, plus belle, plus verte et plus tendre pour les animaux. Après, cela fait aussi référence au livre de Jean Giono que j’aime beaucoup, au film de Marcel Pagnol également. Ce qui est marrant, l’anagramme de « regain » est « graine » donc cela rejoint cette idée de « Colibris » que j’ai évoqué. Planter une grainer, apporter quelque chose de concret.

Qu’est-ce qui a changé dans la composition entre tes deux albums ?

Je pense qu’il est plus précis, notamment dans la thématique. On évolue tout le temps quand on fait de l’art. J’ai l’impression de m’être vraiment servi de ces 4 dernières années, des rencontres, des voyages, de ce que j’ai fait et de ce que j’ai vu. Regain est sûrement plus intense.

Quand tu parles de voyages, est-ce que certains t’ont inspiré plus que d’autres ?

Je n’ai pas du tout fait le tour du monde, j’aimerais bien d’ailleurs. Cet album est tourné vers l’autre, c’est le fruit de rencontres plus que de voyages au sens premier du terme. C’est aussi de l’introspection, savoir quel humain on veut être, ce qu’on laissera derrière nous. Le voyage permet toutes ces choses et nous avons toujours besoin d’espaces, de grands espaces.

« La saison », le premier single de Regain. Quelle saison préfères-tu ?

C’est une bonne question mais je ne sais pas quoi répondre car je les aime toutes. Tu n’as pas le printemps sans l’été ni l’hiver sans l’automne … S’il y en a 4 ce n’est pas pour rien. J’avoue, j’aime beaucoup le printemps, c’est le regain, sans faire de mauvais jeu de mot. Donc pour cet album, ma saison préférée est le printemps ! (rires)

Tu parlais de Pierre Rabhi tout à l’heure, quels artistes t’inspirent et t’ont inspiré ?

Je n’écoute pas énormément de musique mais je suis très ouvert. J’aime autant des groupes comme Tame Impala, Balthazar et en même temps des artistes folk comme Nick Drake, mort il y a longtemps. J’adore Rodrigo Amarante, c’est quelque chose de très pur. Après, côté électronique, je citerais The Dø. Voilà j’écoute de tout, la musique électronique, la pop et le folk, mais jamais excessivement.

Avec quel chanteur aimerais-tu travailler ?

Je bosse un petit peu avec Alain Souchon, je l’ai accompagné sur certaines scènes mais j’aimerais travailler davantage avec lui. C’est un bel être, je l’aime beaucoup.
Je n’ai pas vraiment de noms à donner, il faut vraiment que la personne soit sympathique, c’est essentiel pour moi.
Ça pourrait être Damon Albarn de Gorillaz mais encore une fois seulement si nos valeurs se rejoignent. Même si c’est un grand artiste, je tiens à ce côté relationnel donc je préférerais ne rien faire si cela ne me correspond pas.

Quel souvenir gardes-tu de la Nouvelle Star, l’émission par laquelle tu t’es fait fait connaître ?

Si je devais résumer mon histoire, j’ai fait de la télé et maintenant je suis dans la réalité. En dehors du fait que ça m’a mis le pieds à l’étrier, monter un premier projet etc. Derrière ça n’a été que des choix qui me sont propres. On est un peu laissé dans la nature après l’émission mais je ne crache pas dessus, ça a quand même changé ma vie ! La société oublie tellement vite qu’il ne faut pas se laisser aller et exister. Il faut tout le temps se montrer, ça me fait peur tout ça. J’ai refusé pas mal de projets à la sortie de l’émission car ils ne me correspondaient pas. Déjà tu es estampillé « télévision » alors si tu enchaînes avec des projets poussifs voire ratés, c’en est fini. Il faut avoir la tête sur les épaules et surtout avoir des idées pour la suite. Ça s’essouffle vite. Personnellement, j’ai naturellement pris mon temps et je suis un peu aller à contre-courant de tout ça. Cela m’a permis de revenir avec quelque chose de plus personnel.

Qu’est-ce que tu aimerais dire à ton public nantais ?

Honnêtement, je l’aime beaucoup, il est chaleureux. Il est présent et il ose dire ce qui va et ce qui ne va pas, j’ai souvent discuté avec les nantais à l’issue de mes concerts, c’était très intéressant.
La ville est novatrice et fait beaucoup d’efforts en terme d’écologie et ça me plaît donc forcément j’ai hâte d’y retourner !

 

Gael Faure
Album : « Regain » disponible depuis le 26 janvier

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard