Une ascension remarquable pour HER

Le 13 août dernier, Simon Carpentier fut emporté par un cancer. Il était la seconde moitié du duo rennais HER. Quelques jours plus tard, Victor Solf, accompagné de ses musiciens, se produisait à Rock en Seine et rendait un hommage émouvant à son acolyte. Fondé en 2015, leur groupe a depuis sorti deux EP nommés basiquement Her Tape #1 et Her Tape #2. Afin de rester une nouvelle fois sobres, le nom de leur premier album s’intitule HER. Victor Solf nous a accordé quelques minutes peu avant leur concert sur la scène de Stereolux.

 

Que représente le nom HER pour vous ?

On a choisi le nom lorsque l’on avait terminé d’écrire tous les titres. C’est quelque chose d’assez important. C’est finalement assez rare que cela se déroule dans ce sens. Nous nous sommes basés sur la musique, HER est venu de là. Nous évoquions les femmes, la sensualité, l’amour, HER réunissait la majorité des thèmes de nos chansons. On a mis un peu de temps à le trouver. Il représente l’ambiance de notre musique.

Peu d’artistes masculins défendent ou mettent en avant le féminisme aujourd’hui. Penses-tu que le milieu musical est sexiste ?

Je ne pense pas non. C’est un milieu qui pourrait accueillir plus de femmes par contre. On pourrait atteindre cet idéal de parité. Juliette Armanet, Clara Luciani, Fishbach, Christine and The Queens, ce sont des artistes féminines que j’apprécie vraiment.

Aurais-tu un modèle féminin dans l’univers de la chanson ?

J’ai toujours eu l’envie d’être musicien pour avoir cette recherche de liberté. Je ne voulais pas d’un métier répétitif ou aliénant et encore moins dépendre de quelqu’un. Dans ce sens-là, Nina Simone m’inspire
énormément. C’est un symbole de liberté et de courage.

Plus jeunes, quelles ont été vos influences ?

On a eu plein de phases avec Simon. A l’image de notre génération, nous écoutons de tout. Ce qu’on a décidé avec HER, c’est de revenir à nos toutes premières influences qui nous ont donné envie de devenir musicien. Je parle du blues et de la soul. Ce sont des artistes comme Ray Charles, BB King ou Memphis Slim qui nous ont le plus fortement influencés.

 


« Malgré la disparition de Simon, c’était un devoir pour moi que cet album sorte, qu’il puisse être
écouté par le plus grand nombre. »


 

La pochette de votre album reprend le visuel de vos deux premières mixtapes. Peut-on dire qu’un cycle se termine avec cette sortie ?

Depuis le début, nous avons toujours imaginé l’album comme l’aboutissement de nos tapes. Effectivement, c’est la fin d’un cycle. C’est la fin de HER comme un projet à deux. Je ne referai jamais un album comme celui-ci, nous l’avons fait à deux avec Simon. C’est forcément différent. Malgré sa disparition, c’était un devoir pour moi que cet album sorte, qu’il puisse être écouté par le plus grand nombre. Les rares titres qui ont été faits sans lui sont « Shuggie », « Together » &« Icarius ». Il n’a pas entendu les deux premiers, ils sont issus de bribes de travail que j’ai trouvées sur son ordinateur. « Icarius », lui, est un morceau que j’ai écrit pour lui rendre hommage.

Très peu de featurings sont présents sur cet album. Pourquoi ce choix ?

Pour nous, c’était très important de se présenter comme on est. En dehors des feat., nous avons été très méticuleux sur l’utilisation des sons. Il y a beaucoup de claquements de doigts, un type de son de guitare particulier, des chœurs très aigus.

Roméo Elvis est malgré tout présent sur « On & On », comment s’est déroulée cette rencontre ?

Ça s’est fait à la toute fin de l’album en octobre ou en novembre dernier. Simon et moi avons toujours été fans de rap français. Ce mouvement représente une réelle liberté. Cette grande famille nous inspire de la confiance. Notre premier groupe s’appelait d’ailleurs « The Popopopops » en hommage à NTM. C’est un petit coup du destin, une opportunité qui s’est présentée à nous. Roméo Elvis a signé sur le même label que nous, Barclay. Notre chef de
projet que l’on a en commun nous a mis en lien lors de l’une des venues de Roméo à Paris. Cela s’est fait en quelques jours. J’ai accepté sans hésiter, j’avais cette sensation qu’il manquait quelque chose sur « On & on » en plus de ça.

Quels rappeurs français écoutes-tu en ce moment ?

J’adore Lomepal. J’aime ce que font Nekfeu et le S-Crew. MHD aussi, il a pour principe de faire danser les gens, il y a plein de liberté dans sa démarche. Je suis de près nos copains de Columbine aussi.

Pour revenir sur la partie live, préparez-vous différemment les dates étrangères ? Notamment les dates américaines.

Pas vraiment. On est très perfectionnistes sur nos concerts, on essaie de présenter les mêmes choses. Après la réaction du public change bien-sûr. Lorsque l’on joue en Angleterre ou aux USA, nous savons que l’ensemble du public comprend nos paroles. L’impact n’est pas le même. C’est très agréable car nous passons énormément de temps sur nos paroles. On a une soixantaine de concerts d’ici février, ça va être chargé ! Quand on a quelques jours de libre, nous allons en studio écrire la suite.

Vous serez présents aux Escales. Quel artiste t’impressionne le plus
dans cette programmation ?

Kool and the Gang, sans hésiter. Le titre « Summer Madness » nous a beaucoup inspiré avec Simon.

Quel album écoutes-tu en ce moment ?

Le dernier Radio Head. Il n’est plus tout nouveau mais je l’écoute régulièrement.

 

HER au Festival Les Escales
Samedi 28 juillet à 20h30 (Grande Scène du Port)
festival-les-escales.com

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard