Humour sans filtre

Kallagan nous livre un one man show rythmé où les rapports hommes-femmes ont une place importante. Trentenaire, célibataire mais également papa, l’humoriste n’hésite pas à transmettre un témoignage touchant mais parfois trash sur l’homme version 2018. Spectacle féministe, et il l’assume pleinement, ses vannes sont à la fois drôles, authentiques et sincères.

Cela fait combien de temps que tu fais de la scène ? Comment as-tu vécu les premières années de ta carrière ?

10 ans maintenant, ça commence à faire ! Au départ je ne pensais pas pouvoir en vivre un jour. Je me disais que si j’arrivais à faire un SMIC avec l’humour, ma carrière serait réussie.
Tu commences par jouer dans des bars mais à 20 ans tu t’en fiches, tu fais ce que tu aimes et c’est ce qui compte. Tu as la dalle ! De 15 minutes de scène, tu passes à 25 minutes et tu progresses comme ça, tranquillement. Alors oui, on est tous passés par des petits appartements, des colocs ou des restaurants pour bosser (rires). Mais bon quand tu es jeune cela t’importe peu. J’ai jamais eu vraiment l’impression de galérer même si c’est les débuts étaient durs, il faut du temps pour trouver et convaincre ton public. Tout est passé très vite ! Je ne pensais pas atteindre ce niveau, ma progression continue et c’est vraiment cool !
Les gens pensent que si un humoriste n’est pas connu, il galère forcément. Ce n’est pas le cas, il y a un décalage par rapport à ça. On n’a pas besoin de passer à la télévision pour faire nos 300 spectacles à l’année. En parlant de télé, j’ai failli tout arrêter en 2009 quand je me suis ramassé en direct sur France 4. Ça m’a mis une claque ! (rires)
La semaine dernière, j’écrivais une chronique sur Sellig pour Rire & Chansons et en fait c’est exactement le genre de carrière que j’aimerais avoir. Tous ces spectacles sont blindés, il ne se fait pas emmerder dans la rue, il a une vie de famille tranquille. C’est ce que je vise !

Comment peut-on caractériser ton humour ?

Je suis sur mon nouveau spectacle, ma date à Nantes sera composée de 75% de nouveautés. Officiellement, je commence à tourner pour ce nouveau spectacle en juin. Mais tu vois, le truc que j’aime, c’est la liberté que j’ai dans l’écriture. Ceux qui m’ont déjà vu savent que je n’ai pas trop de barrières. (rires) Maintenant, je n’en ai pas plus mais il y a plus de fonds. Je m’amuse à aller vers des sujets un peu moins courants. Je prends le temps de discuter avec le public, il y a plus d’improvisation.

Si tu devais te décrire en un mot ?

Libre et sans filtre !

Quels humoristes pourraient se rapprocher de ton style ?

En France, je ne sais pas trop. Ce n’est ni de l’humour noir ni engagé. On n’est pas sur du Bigard car il y a beaucoup d’interaction avec le public. Honnêtement, on ne sait pas à qui me comparer et ce n’est pas évident pour vendre le spectacle. (rires)
Certains programmateurs hésitent à se lancer car ils ne voient que des bribes de spectacle sur internet et ne saisissent pas le concept du spectacle. C’est un tout en fait. Dernièrement, à Toulouse, une directrice m’a programmé sans être convaincue. Finalement, à la fin de la séance elle m’a félicitée, elle n’a pas regretté son choix. C’est plutôt une bonne nouvelle pour la suite !
Bon ok je suis trash mais je suis quand même le mec le plus invité aux Maternelles sur France 5. (rires) Il y a quand même du fonds, de la recherche.
Après aux États-Unis, je pourrais me rapprocher du style de Jim Jefferies ou de Jim Norton.

En influence, qui pourrais-tu citer ?

La plupart des humoristes de ma génération avaient pour rêve d’être programmé sur les galas Juste Pour Rire à Montréal. On a été élevé avec Rire & Chansons aussi. Donc à l’époque, j’adorais Chevallier & Laspallès, Elie Semoun avec ou sans Dieudo, Gad Elmaleh. Mon préféré était Alex Métayer, je connaissais tous ces sketchs par cœur. Je devais d’ailleurs être le seul gamin de 9 ans à les connaître à ce point ! (rires)
Mais tous ces humoristes n’ont rien à voir avec ce que je fais sur scène. Le plus important, c’est de se trouver, j’ai mis du temps. Cela doit faire 2 ans que je m’éclate vraiment sur scène.

Quels thèmes abordes-tu le plus ?

Le sujet hommes-femmes est très important dans mes spectacles mais je ne vais pas raconter les mêmes choses que mes collègues. Je vais sur des terrains un peu différents. L’infidélité du côté des femmes, les rapports en 2018, les idées que ce font les femmes des hommes au premier rendez-vous … J’explique aux mecs pourquoi ils sont là avec leurs femmes, c’est grâce à leur ex ! Elles ont revu leurs exigences à la baisse, forcément. (rires)
C’est un spectacle très féministe, je ne suis à aucun moment misogyne. Les mecs s’en prennent plein la gueule tout le spectacle.
Tout le monde ne passe pas un bon moment à mon spectacle, il faut venir détendu ! L’autre soir, un couple s’est « embrouillé » lors de mon spectacle, la tension grandissait au fur et à mesure. Si votre couple n’est pas solide, ne prenez pas le risque de venir me voir ! (rires)

Pourquoi le nom Virtuose ?

Le titre va disparaître, c’était la chute d’un sketch qui ne fait plus partie de mon spectacle donc il n’a plus lieu d’être.

Tu as fait une apparition express au Théâtre 100 Noms avec Donel Jack’sman lors de sa venue il y a quelques mois. As-tu quelque chose à dire aux nantais qui ne t’ont jamais vu ?

Nantes, et le Théâtre 100 Noms, c’est un truc de cœur. A chaque fois que je suis venu, la salle était bien remplie. J’y ai toujours passé de belles soirées. Je m’intéresse beaucoup au public et ici il y a de nouveaux spectateurs à chaque fois. La majorité du public ne me connaît pas, c’est de la découverte, c’est ce que je préfère. C’est comme un date ! (rires)

Kallagan
Vendredi 2 février au Théâtre 100 Noms
Réservations

© Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard