Longue vie à La Nuit de l’Erdre

La soirée d’anniversaire des 20 ans à Stereolux a eu lieu au mois de janvier dernier. L’occasion toute trouvée pour faire un point sur ces nombreuses années écoulées. Marc Jolys, directeur de l’association depuis 2005 a répondu à nos questions afin de nous plonger dans l’histoire de ce festival devenu incontournable au fil des années.
En fin d’entretien, nous vous présenterons la version 2018 de La Nuit de l’Erdre qui durera 3 nuits ! Sincèrement, cette édition risque d’être mémorable, un pallier va être franchi que ce soit en terme de durée et de qualité artistique.

 

Comment est né ce projet et qui en était à l’origine ?

Marc Jolys : La première édition a eu lieu en 1998, ce n’était pas sous une forme de festival à l’époque. A l’origine, nous sommes tous des bénévoles travaillant pour le Comité des Fêtes de Nort-sur-Erdre. En 1998, on fêtait les 50 ans du Comité, c’est pour cela que l’on a organisé cette première édition. Pour attirer du monde, nous avons choisi la date du 14 juillet. Tous les membres de l’époque, ou quasiment, sont encore membres du Comité des Fêtes. Par ailleurs, j’en suis le président depuis 2005.

Quelles étaient les ambitions de cette création ?

Il n’y avait pas d’ambition particulière, c’était vraiment une manifestation pour notre anniversaire. On n’avait pas l’intention de développer un festival à ce moment là mais « l’appétit vient en mangeant ». (rires)
L’année suivante, on a réédité l’événement au 14 juillet, ce fut un fiasco ! On n’avait qu’un seul artiste et on s’est reposé là-dessus.
En 2000, on a réfléchi à ce que l’on pouvait faire et cette fois-ci on a programmé plusieurs artistes dont Axelle Red. On a communiqué dessus et ça a fonctionné.

Cela vous a amené jusqu’en 2006 et le changement de lieu. Quelles évolutions le festival a t-il connues depuis ?

Oui, suite au succès de la 3ème édition on a enchaîné malgré le manque de moyens. Nous manquions également de compétences car nous ne sommes pas des professionnels. La communication était compliquée qui plus est, on n’avait pas tous un portable ou même internet mais on s’est accroché.
En 2005, nous avons changé de bureaux. Puis l’année d’après, l’événement s’est effectivement déplacé de quelques centaines de mètres. C’est le même terrain que nous utilisons depuis. C’était le déclenchement ! Cela permettait d’apporter plus de confort pour le public et pour les artistes.
Le festival a grandi et en 2011 on a connu un autre tournant. Nous avons installé une deuxième scène et nous sommes passés de une à deux soirées. Manu Chao a fait partie de la fête en 2012, la billetterie a explosé. Le palier a été franchi grâce à lui, la jauge a augmenté de 7000 spectateurs en un soir, nous avons alors atteint les 13.000 festivaliers.

Quels artistes avez-vous accueillis dans les premières éditions ?

1998 : Tri-Yann
1999 : Michel Fugain
2000 : Axelle Red
2001 : Matmatah
En 2002, nous avions fait une édition plus dense avec des formations diverses sans tête d’affiche particulière, ça n’a pas vraiment fonctionné.
L’année suivante, entre la crise des intermittents, des déplacements professionnels et les problèmes de santé de notre ancien président, nous n’avons rien fait.
2004 : Yannick Noah
2005 : Calogero

Selon vous, quelles sont les valeurs portées par votre Comité ?

A la base, nous sommes des bons vivants, nous avons toujours aimé organiser des événements qui fédèrent les gens. Malgré l’importance du festival aujourd’hui, nous avons toujours la même vision des choses, nous portons une attention particulière aux relations humaines. Nous avons aussi une fibre écologique tant pour le magnifique parc que nous investissons que pour le confort de chacun. Nous sommes dans une zone Natura 2000 donc nous avons des obligations mais cela nous tient à cœur de toute manière.
On est un groupe de copains, c’est un peu paradoxal car nous ne sommes pas du métier. On est devenu professionnel au fil des années. Nous avons mis nos goûts musicaux de côté pour rester dans la mouvance de ce qui se fait aujourd’hui. C’est comme ça que l’on pourra préserver le festival et garder ces valeurs qui nous sont chères.

2018 est l’année des 20 ans de La Nuit de l’Erdre. Est-ce pour cela que vous avez prolongé le festival d’une journée ?

Les 20 ans étaient l’occasion idéale pour passer un nouveau cap. Aujourd’hui, la majorité des festivals durent 3 jours, on se devait aussi de suivre le mouvement. Tout cela devrait nous amener à un meilleur équilibre financier mais forcément ça demande beaucoup plus de travail . Nous n’avons pas beaucoup de salariés, moi-même je ne suis qu’à mi-temps. Mais cela risque d’évoluer positivement à l’avenir.

Quel est le record de fréquentation ?

C’est ce qu’on fait depuis deux ans, 18.000 personnes par soirée.

Parlez-nous de la création du Trans’plin il y a 8 ans.

Ce sont nos voisins de Trans-sur-Erdre. Ils tiennent une asso qui rassemble plusieurs communes : Trans, Les Touches, Joué/erdre et Riaillé. Ils sont venus nous voir, ils avaient l’intention de se lier à La Nuit de l’Erdre. La création d’un tremplin était leur idée, cela permettait de dynamiser culturellement leurs communes. On s’est mis d’accord là-dessus, on leur a laissé la pleine organisation. C’est monté en puissance au fil des années. Au début, ils courraient après les groupes et aujourd’hui ils reçoivent une petite centaine de candidatures.
Ils ont quelques problèmes de remplissage et d’équilibre financier donc cette année nous leur donnons un coup de main. La soirée où le gagnant du Trans’plin* sera désigné se déroulera à Nort-sur-Erdre le 21 avril. Habituellement, elle était organisée à Trans ou à Joué/Erdre.

* En compétition cette année : Erzate (Nantes), Purpulse (Rougé), Berlin Queen (Nantes), Gaz Zukes (Dinan), Solar Project (Nantes)

A titre personnel, quel est votre meilleur souvenir après ces 20 années écoulées ?

La venue de Manu Chao en 2012, sans aucun doute ! C’est l’artiste le plus ouvert passé par le festival. Il était proche du public et des bénévoles. Il a passé une partie de la nuit avec nous, le lendemain nous l’avons emmené faire du bateau. C’était un contact très fort. On s’est d’ailleurs revu depuis. On n’a pas connu ça avec d’autres même si tout s’est toujours très bien passé. Je pense aussi à Sting ou à Matthieu Chedid notamment.

 


 

Une programmation éclectique et audacieuse pour cette 20ème édition

Justice était de retour en 2016 avec Woman, un album novateur et pertinent malgré ses 10 titres. On a déjà hâte de voir leur show dès le premier soir du festival. Ils seront épaulés par les mouvementés The Hives qu’on a notamment vu à la 7ème Vague, Lyre Le Temps hauteur d’une excellente prestation à la soirée des 20 ans du festival et Møme dont on ne se lasse jamais.

Le lendemain, la prog’ est digne des plus grandes soirées estivales avec Orelsan qui essaiera de nous convaincre que la fête est finie, Alt-J pour un concert sûrement plus tranquille et le duo reggae Jahneration qui fera bouger toutes les têtes. S’ajoutent à ces trois premiers noms, les rockeurs parisiens qu’on écoute en boucle Thérapie Taxi et les indémodables Chinese Man.

Enfin, le dimanche conclura cette 20ème édition en mélangeant les générations mais aussi les styles. Cette journée mettra les artistes français en avant en passant du tout au tout, de Shaka Ponk à Bernard Lavilliers. Vianney fera l’intermédiaire, le choix est osé voire risqué mais faisons confiance aux organisateurs ! Le Petit Biscuit se joindra également à la fête, le jeune DJ jouera, en grosse partie, son premier album Presence sorti en fin d’année dernière.

 

Vendredi 29 Juin 2018
Justice – The Hives – Asaf Avidan – Cœur de Pirate – Møme – Ultra Vomit – Lyre Le Temps – Gaume

Samedi 30 Juin 2018
OrelsanAlt-J – Jahneration – Findlay – Chinese Man – Nova Twins – Therapie Taxi – Tramp Experience

Dimanche 1er Juillet 2018
Shaka Ponk – Bernard Lavilliers – Vianney – Triggerfinger – Petit Biscuit – Steve’N’Seagulls

 

La Nuit de l’Erdre
Les 29 juin, 30 juin et 1er juillet à Nort-sur-erdre
Résas : lanuitdelerdre.fr

 

© Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard