L’art de manier les mots

Lonepsi, ce nom ne vous dit peut-être rien et pourtant le jeune rappeur risque d’être l’une des révélations de 2018. Son premier album Sans dire Adieu est dans les bacs depuis le mois de janvier. En mai dernier, il enchaînait avec son EP Kairos. Sur scène, il fut remarqué lors de son passage au Bars en Trans’ ou encore au Ferrailleur où nous l’avons rencontré. Découvrez ce jeune artiste bouleversant et d’ores et déjà convaincant.

 

Comment vis-tu ces premiers live qui font suite à la sortie de projets officiels ?

Je prends beaucoup de plaisir ! C’est ma première rencontre réelle avec mon public, c’est quelque chose de nouveau pour moi. Il n’y avait que les réseaux sociaux comme lien auparavant. Au début, j’ai eu du mal à réaliser, à comprendre, à m’y faire. J’ai commencé ma tournée fin janvier, je n’avais pas fait beaucoup de dates avant ça.

A quel moment as-tu senti que cela devenait important ? Que tu te faisais connaître.

Je ne pensais pas faire des live au début. J’ai été contacté par Live Nation, ils m’ont fait une proposition. J’ai accepté sans trop réfléchir, nous avons construit un set ensemble. Ils m’ont bien entouré et conseillé et sans eux je n’aurais peut-être jamais fait de scène. Je continuerai la scène quoi qu’il arrive désormais.

Tes paroles et musiques font de toi un artiste un peu à part, te considères-tu plus comme un poète ou un rappeur ?

Un rappeur influencé par la poésie. Cela déteint sûrement sur mon écriture.

 

« L’inspiration me provient toujours dans mon labo de la nuit. Pour la puiser je dois plonger dans les limbes de l’ennui. »
Lonepsi – « Le temps d’un instant »

 

A quel style de rap français pourrait-on t’assimiler ? Tu serais un peu dans la trempe d’un Oxmo ou Georgio, non ?

Si l’on prend les paroles, je me rapproche du rap introspectif. Pour le volet instrumental, ce serait plutôt du cloud rap. Parfois, je fais du piano-voix et cela m’éloigne du hip hop. J’ai donc du mal à catégoriser ma musique.
Pour Georgio et Oxmo, c’est un peu ça même si je suis loin de leurs carrières. Merci pour le compliment !

A quel âge as-tu commencé à écrire ?

Tout petit, j’écrivais déjà des textes. Pour le rap, j’ai dû commencer à l’âge de 13 ans il me semble. J’ai commencé le rap avec deux amis, on était plus dans l’ego trip. J’ai repris ensuite mes premiers textes et la transition s’est faite progressivement vers ce que je fais aujourd’hui.

Qui écoutais-tu à l’époque ?

La première musique qui m’a parlé, celle qui m’a fait aimer la musique en général, c’est le « Clair de lune » de Debussy. Je me suis dit qu’il fallait que je devienne acteur et non un simple auditeur. Un ami à moi avait volé le baladeur de son père et me l’avait fait écouter, j’ai pris une claque !
Maintenant, j’écoute vraiment de tout. Il y a toujours une partie classique avec Debussy, Chopin, Bach, Beethoven etc. Du hip hop aussi avec Loyle Corner, Russ, Sampha, Drake parfois, Kendrick Lamar ou encore Jorga Smith … J’écoute aussi du jazz.

Tu serais plus Damso ou Lomepal ? Deux styles, deux succès du rap francophone contemporain.

Les deux ont des écritures poussées et géniales. Je ne peux pas m’identifier ni à l’un ni à l’autre. Je prendrais un peu de chacun. Lomepal fait beaucoup d’aphorismes, de petites punchlines. Au niveau des rimes c’est incroyable. Damso, c’est une écriture un peu plus philosophique, plus crue aussi.

Est-ce que tu aurais imaginé avoir un public autant féminin ?

Non, pas du tout ! Quand j’essayais de comprendre qui était mon public en regardant les stats sur Youtube ou Spotify, il y a plus d’hommes que de femmes. Je pensais rencontrer ce public mais ce n’est pas le cas ! Je ne vais pas me plaindre. (rires) C’est un réel point d’interrogation.

Le feat. rêvé ?

Jorga Smith, Ray Charles, Sampha …

 

Lonepsi – Kairos disponible

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard