La jeune Pomme grandit vite

A 21 ans, ses propos sont à la fois insouciants et matures. Claire Pommet s’affirme comme une chanteuse folk aux accents modernes proche de ce que nous proposent First Aid Kit dont elle admire le travail. L’artiste lyonnaise privilégie la chanson française et suit les pas des Camille, Juliette Armanet ou autres Brigitte. La France a de nombreux talents, qu’ils soient masculins ou féminins il serait temps de les mettre à la même hauteur.

A quel moment as-tu compris que tu ferais de la chanson ton métier ?

C’est une volonté qui a toujours été présente. Vers 13-14 ans, j’ai commencé à l’imaginer un peu plus sérieusement. Après, cela restait fantasmé, ce n’était pas ancré dans le réel. Je commençais vaguement à faire des concerts dans des bars. C’était lointain mais c’est à partir de ce moment là que j’ai mis en place des choses pour y arriver.

Quels artistes t’ont motivé et inspiré quand tu étais plus jeune ?

C’était très varié, j’écoutais beaucoup de musique américaine des années 60-70 comme Dolly Parton ou Joan Baez mais aussi des artistes féminines actuelles comme Lady Gaga ou Rihanna. En fait, j’ai toujours écouté des femmes ! J’avais cette double-culture entre les seventies et la pop des années 2000.
Après je n’essaie pas de faire la musique que j’écoute, cela n’aurait pas d’intérêt. Mes chansons sont assez acoustiques, folk et épurées.

Brigitte, Juliette Armanet, Camille, la chanson française a de belles heures devant elle. Que penses-tu de cette scène féminine ?

Je suis trop contente car il y a beaucoup de femmes qui font des choses vraiment différentes. Camille, ça fait un moment qu’elle est là mais elle est toujours extraordinaire. Son dernier spectacle est incroyable ! C’est très inspirant car je suis souvent la plus jeune dans cet entourage professionnel. Les femmes que je côtoie ont plus d’expérience que moi. Ça m’incite à continuer, à faire quelque chose qui me ressemble. Après je ne les connais pas toutes personnellement. Je suis assez partisane de cette mise en avant, qu’il y ait un peu plus de parité dans ce milieu. C’est un peu déséquilibré dans l’industrie musicale. C’est cool que des artistes comme elles mènent leur barque et réussissent, c’est inspirant.

A 21 ans, tu as déjà sorti un album et beaucoup tourné en France. Comment vis-tu cette ascension ?

C’est très progressif en fait. Malgré mon jeune âge, j’ai commencé les concerts à l’adolescence donc cela va faire 6 ans que je construis mon truc tranquillement. Certaines choses vont vite c’est sûr mais cela reste sain. La sortie de l’album a déclenché des choses mais tout est resté logique. Ce qui a changé, c’est que je ne fais plus de premières parties maintenant. Je fais des salles de 300 places, c’est cool, c’est raisonnable.

Concernant tes premières dates, est-ce qu’un live t’a marqué plus qu’un autre ?

La première partie de Pierre Lapointe que j’ai fait au Théâtre du Rond Point, je pense que l’association du lieu et de l’artiste que j’apprécie grandement en a fait ce très bon souvenir. Il m’a beaucoup aidé notamment pour mes premières dates au Québec. Je parle souvent de cette date là même si elle commence à remonter un petit peu, c’était fin 2015.

Que représente la pochette de ton album A peu près ?

Il y a deux gros aspects. J’avais l’envie d’intégrer des éléments terrestres dans un univers moderne. Je ne voulais pas faire de visuel en extérieur, plutôt amener quelque chose de l’extérieur dans un univers qui n’est pas le sien. Je voulais avoir cette dualité là, mon album est plus moderne que mes précédents projets. Pour le choix des scarabées, je trouvais ça intéressant car ils ont une valeur très importante dans certaines cultures. C’est un porte-bonheur, un symbole de puissance … Et puis, j’avais l’envie de mettre en scène des petites bêtes qui peuvent dégoûter afin de les rendre belles. C’est aussi pour ça que j’ai utilisé des escargots.

De quel morceau es-tu vraiment fière sur cet album ?

J’aime beaucoup « Ceux qui rêvent » qui parle des insomnies, j’adore la chanter sur scène. C’est une chanson que l’on a enregistré en live, c’est ce que j’adore faire. Elle est très bien arrangée, le résultat est vraiment sympa.

« A lonely one » est la seule chanson chantée en anglais, est-ce que tu en enregistres régulièrement ?

Pas tellement, je ne la chante plus trop sur scène d’ailleurs. C’est l’auteur Don Cavalli qui me l’a proposé. Elle est déjà dans son répertoire il me semble, je la trouve sublime ! C’est étrange car ce n’est pas ma chanson, c’est même une reprise, elle n’est pas faite pour moi. Elle ne m’appartient pas tellement donc j’ai préféré la mettre un peu de côté. C’était une très bonne expérience car j’aime bien chanté en anglais, et puis j’écoute beaucoup d’artistes anglophones. C’est une chanson éphémère.

Il n’y a aucun featuring sur cet album, pourquoi ce choix ?

Je n’ai pas trop réfléchi. Comme les gens ne me connaissent pas, je voulais me présenter dans mon plus simple appareil avec cet album. Il fallait que cet opus me ressemble.

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

Avec First Aid Kit, deux sœurs suédoises. Tout le monde m’encourage à les contacter car elles sont connues mais ce n’est pas non plus dingue. Je les adule complètement, je n’ose pas !
Joan Baez, sinon. Mais elle est inaccessible. (rires)

Pomme –  « A peu près » (2017 / Polydor)
Mardi 26 février 2019 à la Bouche d’Air
eclats-francophones.com

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard