Le théâtre où l’on rit et où l’on se raconte

Le petit théâtre de Viarme, La Ruche, s’associe au Centre Socio-culturel du Sillon de Bretagne pour faire venir l’humoriste Rachid Bouali à Nantes. Celui-ci aime raconter des histoires ou plutôt son histoire ! Il réussit à accrocher le spectateur grâce à son interprétation drôle mais réaliste de ce qu’a été sa vie dans les années 80 jusqu’à maintenant. Il présentera, le 8 décembre, son second spectacle : « Un jour, j’irai à Vancouver ».

A quel âge as-tu commencé à monter sur scène ?

Rachid Bouali : En amateur, à 7-8 ans. J’ai eu la chance d’avoir un animateur socio-culturel dans notre quartier qui nous a motivé à faire du théâtre. On faisait des sketchs et des petites pièces. Il a d’ailleurs développé une quinzaine d’ateliers de théâtre dans la ville. Cela a été jusqu’à la création d’un festival qui a, aujourd’hui, 35 ans d’existence. Je suis tombé dedans quand j’étais petit. (rires)
En professionnel, à l’âge de 18 ans. Avec les quelques motivés, on a monté une compagnie en 1989 il me semble, on était 7 ou 8 et aujourd’hui on est tous encore dans le milieu. 4 ans plus tard, je suis allé à Paris pour intégrer une école de théâtre pour me perfectionner.

Qu’est-ce qui t’a attiré dans le one man show ?

C’est un peu un trajet étrange. J’ai jamais imaginé faire du one man show. Je suis comédien de formation mais également conteur. J’ai toujours raconté beaucoup d’histoires sur scène. Un jour, j’ai souhaité écrire des histoires contemporaines, sur ce que je vivais et voyais au quotidien. J’ai alors écris un premier spectacle : « Cité Babel ». J’y parle des années 80, de l’ambiance conviviale qu’il y avait dans mon quartier. Ça a pris très vite des allures de one man show mais au fond de moi je me dis que je fais juste ce que je fais depuis toujours, raconter des histoires.
Mes spectacles sont très auto-biographiques, ils sont drôles mais parfois plus tristes comme à la fin de mon 3ème spectacle « Le jour où ma mère a rencontré John Wayne ». Je ne fais pas dans l’humour à 100%. C’est un peu dans le style de Michel Boujenah qui exprime un peu de nostalgie dans ses spectacles. Je ne compare pas mes spectacles aux siens pour autant. Je ne fais pas des gags pour faire des gags.

Est-ce que tes spectacles ont un sens chronologique ?

Oui, en filigrane. Dans le premier j’étais petit, dans « J’irai à Vancouver » j’étais ado et dans le dernier je quittais mes parents.

Tu n’adaptes jamais tes spectacles par rapport à l’actualité ?

Pas vraiment, ce sont plutôt les histoires qui changent de couleur par rapport à l’actualité. Quand je raconte « Cité Babel » et s’il ne se passe rien dans l’actualité, je parle d’attentats ou d’immigration par exemple, le spectacle est drôle et léger. A l’inverse, lorsque des sujets assez lourds hantent l’actualité, les spectateurs y voient un message clair. Et pourtant, le spectacle reste le même. J’ai toujours parlé de la vague d’immigration des années 70-80. Parfois on entend certaines choses ou on souhaite les entendre et parfois non.

As-tu toujours joué des personnages dans tes seul en scène ?

Oui toujours, j’adore. (rires) Un comédien aime toujours incarner !
Tout est dans la gestion de l’espace, dans l’enchaînement des personnages, dans l’invention des décors. Et quand les gens me disent à la fin « On a tout vu » alors qu’il n’y avait que moi sur scène, c’est que j’ai réussi ce que je voulais faire. C’est ce qui m’intéresse, créer de l’imaginaire !

Quels sont les personnes qui t’inspirent le plus ? Ta famille ?

Il n’y a pas de règle en vérité.
D’un côté, on est comédien donc on a forcément un égo qui nous permet de monter sur scène. De l’autre côté, plus je vieillis et plus je mets cet égo de côté. C’est un peu paradoxal. Je n’ai pas la prétention de devenir connu et de briller sur scène, mon métier ne se base pas là-dessus. Je veux mettre en avant la vie des gens « lambdas » comme toi et moi. Si je commence à me raconter et que les gens se voient à travers ma vie, le pari est réussi ! Plus je raconte le « petit », dans le sens où je ne vis pas comme une star, plus le spectateur ressent l’humanité dans mes textes.
J’ai grandi dans un quartier très vivant donc j’ai de quoi raconter. (rires) Les gens se projettent. Donc pour revenir aux personnages, c’est ma famille mais pas seulement. C’est toutes les personnes que j’ai pu croiser par le passé.

Certains humoristes t’ont-ils influencé ?

Il y en a un, il se trouve qu’il est de la même origine que moi mais je te promets que ce n’est pour ça que j’en parle. (rires) C’est Fellag ! Quand je le vois sur scène, je sens qu’on a des inspirations similaires. Dans ses spectacles, il racontait les quartiers d’Alger. Moi, avec l’arrivée de mes parents en France dans les années 70, j’ai un peu pris la suite en fait. J’ai grandi à Roubaix et je raconte donc ma jeunesse dans les quartiers de l’agglomération lilloise. Fellag est talentueux, il raconte une histoire sans pour autant faire rire les gens toutes les secondes, c’est ce que j’essaie de faire à travers mon histoire.

As-tu déjà joué à Nantes ?

Je suis venu à Tissé Métisse jouer « Cité Babel » en 2008. Juste après moi passaient Natacha Atlas et Caravane Palace, c’était génial !
J’ai aussi joué un extrait de ce spectacle au Nid pour une association.

Comment donnerais-tu envie aux nantais qui ne te connaissent pas de venir te voir le 8 décembre ?

Il faut qu’ils viennent s’ils ont envie de retrouver la convivialité du théâtre où l’on rit et où l’on se raconte. Je m’adresse particulièrement aux 30-50 ans qui se retrouveront dans certaines de mes anecdotes. J’ai 48 ans, ça passe vite ! (rires) Je parle beaucoup des années 80.


Rachid Bouali – « Un jour, j’irai à Vancouver »
Vendredi 8 décembre à 20h30
Centre Socio-culturel du Sillon de Bretagne à Saint-Herblain
laruchenantes.fr

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard