Sophia Aram, force de frappe

En octobre 2016, Sophia Aram était dans la région nantaise pour vous présenter son dernier spectacle. Elle a accepté de répondre à nos questions avant son passage sur la scène carquefolienne de la Fleuriaye. La voici de retour ce mois-ci à La Cité, pour notre plus grand plaisir. Si vous l’aviez ratée c’est le moment de vous rattraper !

« Après quatre années passées à croquer l’actualité au sein de la matinale d’Inter, Sophia Aram s’interroge librement sur notre époque. A l’heure où une marque d’eau minérale a plus d’abonnés sur twitter que n’importe quel prix Nobel, où « intello » est devenu une insulte, où le jihad commence sur Facebook, où les bobos traquent les traces de gluten dans le chou frisé et où Zemmour réhabilite Pétain… Sophia Aram dépeint avec tendresse des personnages se débattant dans l’air du temps et s’interroge sur l’état d’un débat public traversé par des idéologies et une actualité parfois dramatique. »

Votre début de tournée dans de la capitale était plutôt intensive. Avez-vous le sentiment qu’une deuxième tournée démarre lorsque vous « arrivez » en province ?

J’ai eu la chance de faire un break de deux mois pour me reposer et faire avancer d’autres projets, je reprends la tournée avec beaucoup de plaisir.

Avec votre équipe, vous allez vous rendre dans des petites villes que beaucoup d’artistes ne fréquentent pas. Est-ce un choix personnel de parcourir autant l’hexagone ?

J’aime rencontrer le public où qu’il soit et j’ai aussi un engagement moral auprès des salles qui m’ont fait confiance à mes débuts et vis à vis desquelles je ne me vois pas répondre : « désolée, maintenant que je suis programmée dans de grosses salles ou dans des très grandes villes, vous ne m’intéressez plus… »

Votre spectacle, étant porté sur des faits d’actualité ou des polémiques médiatisées, s’adapte t-il au fil des dates ?

Oui portant sur l’actualité et l’air du temps, il est fortement réactualisé, même si la mécanique reste celle qui m’a portée depuis avril 2015. Le repli identitaire, qu’il soit communautaire, xénophobe ou fondamentaliste bat son plein et je pense que l’on peut miser sur la campagne présidentielle pour jeter de l’huile sur le feu. Les espaces que je consacre à l’actualité « brulante » ne risquent pas de diminuer…

Actuellement chroniqueuse sur France Inter, l’alternance entre la scène et la radio est-elle compliquée à gérer ?

Je suis sur France Inter le lundi à 8h57, ce qui me laisse le reste de la semaine pour partir sur les routes.

Pierre-Emmanuel Barré, Charline Vanhoenacker … Beaucoup de chroniqueurs de talent se relaient sur France Inter. Travaillez-vous ensemble afin de traiter de sujets différents ?

Non pas du tout, assez miraculeusement, il se trouve que nous n’empiétons pas les uns les autres sur les sujets d’actualité, d’une part parce que les sujets ne manquent pas, mais surtout je pense parce que nous sommes très différents, et il me semble que nous avons chacun une façon particulière de traiter l’actualité.

On a tendance à dire que la société actuelle offre d’autant plus de travail aux humoristes. Est-ce votre avis ? Cela correspond t-il à une exposition plus importante des personnalités politiques notamment ?

Parfois j’ai un peu le sentiment de faire partie de l’orchestre du Titanic, je pense que l’on a besoin de rire, ça ne me dérangerait pas que les choses s’améliorent un peu quitte à avoir un peu moins de « matériel » pour les humoristes…

Pour conclure, un petit mot pour le public nantais ?

J’ai commencé le spectacle à Lyon puis à Nantes, le public restait nombreux à l’issue de la représentation pour que nous puissions échanger sur ce qu’ils en avaient pensé. Le public nantais a été formidable, les échanges étaient très enrichissants, c’est un public très consommateurs de spectacles et l’offre culturelle nantaise et toujours très riche.

Sophia Aram, « Le fond de l’air effraie »
Mardi 6 février à La Cité
Réservations : K Production

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard