Connu pour ses talents variés après avoir enregistré du dub électro-acoustique aux accents jamaïcains, du post-rock, du trip hop ou de l’électro-soul, le groupe angevin Zenzile a sorti un album un peu plus pop fin février : Elements. Nous avons rencontré une partie du groupe sur le Bateau-Lavoir lors d’un après-midi ensoleillé.

Comment votre style musical a évolué depuis les débuts de Zenzile en 1995 ?

Alexandre Raux (guitariste) : Ça a commencé par une passion de Matthieu le bassiste, Jean-Christophe le batteur et du premier guitariste Jaja. Ils s’inspiraient de la musique jamaïcaine, ils jouaient et produisaient de la musique dub*. Vinc’ au clavier et Raggy aux percussions, saxophone et flûte se sont incorporés ensuite au groupe. Deux cassettes sont sorties puis un maxi et un premier album Sachem in Salem qui est tombé pile-poil dans le créneau de la scène dub française.

Vincent Erdeven (clavier) : C’est une génération spontanée. Ces projets étaient croisés avec ceux de High Tone (techno dub) à Lyon et Improvisators Dub (dub digital) à Bordeaux ou encore Martin Nathan de Brain Damage, tous dans un style un peu différent finalement. La spécificité du dub français de l’époque est qu’on jouait nos morceaux en live alors que beaucoup d’artistes ne fonctionnaient qu’en soundsystem**.

Pourquoi « Zenzile » ?

VE : C’est le prénom d’un poète africain qu’on écoutait en cassettes au tout début du groupe. Il partageait des diatribes militantes, non contents de lui piquer ses idées, on lui a piqué son nom (rires). Plus tard, on a découvert que « Zenzile » était un peu le « Michel » en France, c’est un prénom très courant.

AR : Zenzile passait mieux que Michel !

Était-ce un choix de tendre vers la pop sur ce nouvel album ?

VE : C’est venu comme ça. Nous sommes plus motivés par l’humanité, les rencontres et le dialogue que la musique amène. C’est comme ça qu’on a rencontré Jamika Ajalon en Angleterre, c’est une poétesse avec qui on a collaboré plusieurs fois. On a aussi collaboré avec le sénégalais Jean Gomis ou encore le violoncelliste Vincent Ségal. La musique a été le fruit de toutes ces rencontres. C’est ce qui s’est passé avec Zakia, son timbre de voix a permis d’explorer de nouvelles possibilités. C’est un peu compliqué pour nous de se rendre compte à quel point cet album est différent. Il y a toujours une couleur commune à la musique, une signature. Il est vraiment différent dans le sens où on s’est vraiment concentré sur l’écriture sur Elements.

AR : On voulait faire quelque chose d’un peu plus dansant initialement. La Jamaïque nous a encore une fois inspiré comme l’artiste Grace Jones. Le dub mélangé à une espèce de funky blanc, c’est ce qu’on recherchait sans vraiment s’en rendre compte. C’est ce qui donne ce côté plus pop.

Comment se sont passées vos premières dates, avez-vous échangé avec votre public ?

VE : Les réactions sont mitigées, il y a une partie du public qui préfère nos débuts, d’autres trouvent l’évolution intéressante.

AR : Une partie du public nous découvre aussi et on retrouve même des enfants de ceux qui nous écoutaient au tout début. Dans le concert, nous jouons 5-6 morceaux d’Elements et ensuite on remet des anciens morceaux qu’on a ré-arrangé. Tout le monde est content comme ça. (rires)

VE : C’est important de retrouver un groupe que tu aimes et pour les raisons que tu l’aimes. On ne peut pas négliger ça dans la proposition artistique. Mais d’un autre côté, on serait étouffé à faire sempiternellement les mêmes morceaux. On a des goûts éclectiques d’où notre volonté d’aller dans différentes directions. C’est important pour nous de correspondre à ce qu’on est au temps où on le fait. Ça n’a jamais été une option de franchiser le dub de Zenzile.

Si vous deviez associer cet album à un film, lequel serait-ce ?

AR : Tree of Life de Terrence Malik, c’est un peu ce qui nous a inspiré au départ.

VE : Il a d’autres films exceptionnels mais je sais que celui-ci m’a vraiment marqué. Le film parle de la nature, de la place de l’Homme sur terre. Pourquoi casse-t-on tout ?

Est-ce que vos premiers albums touchent un nouveau public au jour d’aujourd’hui ?

VE : Oui car nous sommes et nous serons associés à ces premiers albums.

Quel album vous a marqué dernièrement ?

AR : J’aime beaucoup le dernier de Timber Timbre : Sincerely, Future Pollution.

Zakia Gallard (chanteuse) : Le dernier album de Connan Mockasin.

VE : Le premier album de Mélanie de Biasio. C’est une artiste belge qui fait une espèce de trans-jazz.

Êtes-vous plus vinyle, straming, cassette ou CD ?

AR : Cassette et vinyle ! Pour une question de qualité de son, nous sortons tous nos disques en vinyle.

Des projets pour 2017 ?

VE : On tourne, on a 3 dates à venir rapidement, ce n’est pas la folie mais on reprend à la rentrée ! Nous ne sommes pas trop présents sur les festivals d’été mais cela correspond à l’évolution musicale et sociétale. La musique électronique coûte moins chère et c’est ce que les gens veulent entendre.

* reggae non chanté
** matériel de sono uniquement

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Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard