Un duo complémentaire

David Darricarrère & Lea Colombet ont lancé l’aventure Das Kinø il y deux ans, leur premier album The call of a vision est sorti en avril dernier. Les deux nantais, membres du groupe Dtwice, forment ici un duo électro-pop détonnant qu’ils présenteront sur scène jusqu’à la fin de l’année.
Rencontre dans les studios du Trempolino.

Comment est née cette collaboration ? Et pourquoi avoir choisi le nom « Das Kinø » ?

Léa : On était dans le groupe Dtwice tous les deux, on a travaillé pendant quelques années ensemble. Il m’a fait écouter quelques sons, de belles mélodies qu’il avait pour un éventuel 4ème album de Smooth. J’ai adoré ces mélodies et on avait envie de travailler davantage ensemble comme l’on s’entendait bien. C’est pour cela que l’on s’est lancé tous les deux, on voulait raconter une histoire commune.

David : Certains morceaux ne pouvaient pas être joués par Dtwice car ils étaient trop « cools ». Léa vient du conservatoire, c’est une vraie musicienne, elle prend chaque mélodie pour les arranger et construit une gamme harmonique autour tout en respectant les codes « pop » pour les garder accessibles. Depuis que je la connais, je me considère plus comme un mélodiste et non un musicien.
Et pour « Das Kinø », c’est un nom que j’avais en tête depuis un moment, je ne savais pas à quel projet l’associer. J’aime l’Allemagne et c’était une façon de rendre hommage à la musique électronique allemande. Léa et moi regardons souvent des films, des vidéos qu’on associe à nos morceaux, c’est donc aussi un clin d’œil cinématographique.

En quelle année vous êtes-vous lancés ?

David : Cela va faire 2 ans. On avait mis ce projet en stand-by après un premier concert, en première partie, au Pannonica. Ce set s’est monté en 3 semaines, c’était un challenge ! On s’est ensuite consacré à Dtwice avant de revenir sur Das Kinø un an plus tard.

Cela fait quelques mois que votre album est sorti, avez-vous eu des premiers retours du public ?

David : On savait qu’en sortant cet album, on n’allait pas réécrire l’histoire du Rock’n’roll, on n’était pas dupes. Il y a plein d’artistes qui sortent des albums et de plus en plus. Le retour public, on le découvre au fil des dates mais ce sont plus retours professionnels qui nous préoccupent en ce moment. Le public est essentiel mais ce qui fera avancer notre projet, et c’est malheureux de le dire, ce sont les professionnels. Si tu te retrouves sur des festivals comme les Trans’ ou dans de gros évènements professionnels, c’est là que tu te feras connaître par le milieu. Ce même milieu t’amènera directement au public. C’est dommage, on préfèrerait que ce soit l’inverse. C’est plutôt rare que le public fasse émerger un projet sans l’appui de l’industrie musicale.

Racontez nous l’histoire du clip « Out the Shadows »

David : On a un concept très simple, c’est chacun son métier. Nous ne sommes pas des réalisateurs, on a des idées et des envies mais on a préféré confier le côté vidéo à Mathieu Renoult qui est à Montréal actuellement. Il a bossé dans le passé avec 20syl notamment. Il a écrit ce clip et le prochain d’ailleurs, on n’avait pas envie de le driver, de le brider. On voulait qu’il soit fier de ce qu’il sorte. Il avait des contraintes économiques étant donné notre budget et c’est là où l’on voit tout son talent. Le clip a été visionné environ 35.000 fois en cumulé, c’est plutôt une réussite.

Avez-vous imaginé une scénographie particulière pour jouer cet album ?

Léa : Si on avait les moyens, on aurait des cordes, un trompettiste … (rires)

David : Pour l’instant, on joue dans des petits lieux pour se faire connaître. On a beaucoup travaillé sur notre présence scénique, cela ne sert à rien de se cacher derrière de jolies lumières si toi-même tu n’es pas à l’aise sur scène. Il faut prendre les choses dans l’ordre.

De quel morceau êtes-vous le plus fier sur cet album ?

Léa : Il y en a deux : « Grand Royal », c’est le morceau qu’on a terminé en premier et c’est le mélange des genres entre David qui est plus pop-électro et moi qui suis classique-jazz. C’était vraiment chouette. Le second c’est « Electric Jungle » qui a été le plus long à produire et qui est aussi le plus long de l’album. C’est un beau voyage lorsqu’on le joue sur scène.

David : Sans se concerter, on pense aux mêmes morceaux ! A côté de ça il y a des morceaux un peu plus formatés dans le sens où ils peuvent passer en radio. FIP joue deux de nos morceaux qui durent 3 minutes 30 et on a besoin de ce genre de relais !

Écoutez-vous un album particulier en ce moment ?

David : Pas vraiment, ce qui est étonnant c’est que je suis resté dans ce que j’écoutais par le passé, des trucs intemporels. Et dans la musique actuelle, on retourne à fond vers les prods des années 90 donc je ne serai pas perdu.

Léa : Je regarde les nouveautés, c’est plus de la recherche pour le travail que pour le plaisir.

Est-ce qu’un artiste nantais vous impressionne particulièrement ?

David : Dominique A sans hésiter. Il est capable d’interpréter ses textes, qui sont d’ailleurs très bien écrits, d’une telle manière ! Il incarne la chanson française depuis de nombreuses années. Dominique passe les époques, les modes, il a cette aura que peu d’artistes ont. C’est un peu comme Philippe Katerine même si ce n’est pas dans notre style musical, j’ai un tel respect pour ce mec. C’est un vrai artiste ! Il t’emmène, tu aimes ou tu n’aimes pas mais tu ne t’ennuies pas.

 

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard