Naâman, le reggae à la française

Il fait partie de ces artistes que l’on aime croiser sur les scènes des festivals hexagonaux. Que l’on écoute du reggae ou non, Naâman sait rassembler les foules. Il a ce petit truc en plus. Le 23 mars, il était sur la scène du Zénith de Nantes.

 

Est-ce que tu vois la musique reggae comme un prolongement de ce que tu es ? De ce que tu penses ?

Je vois la musique comme l’expansion de ce que je suis. Après, le courant reggae est très vaste, il y beaucoup de styles et de messages différents. Je ne pourrais pas dire qu’il me ressemble à 200% contrairement à ce que je fais, bien-sûr.

Dans ton enfance, as-tu été bercé par ce style musical ou est-ce venu plus tardivement ?

Le reggae est arrivé dans ma vie à l’adolescence. Mes parents écoutaient d’autres styles musicaux.
Le premier artiste reggae que j’ai écouté à l’âge de 12 ans était Bob Marley. Après je me suis penché plus profondément sur ce style, je suis un grand fan d’artistes roots comme Gregory Isaacs, Dennis Brown. De la nouvelle génération, j’adore Damian Marley et tous ces artistes des années 2000 qui ont repris ce courant roots.

Peu d’artistes reggae français sont finalement connus par le grand public. Comment cela se fait-ce selon toi ?

Il y a quelques artistes qui ont fait de la télé ou de la radio comme Pierpoljak, Alpha Blondy ou Tiken Jah Fakoly. Depuis quelques années, le reggae n’est plus du tout médiatisé en France. Après si on observe le style en France, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’artistes. Je pense notamment à Dub Inc qui est un peu le groupe phare français de ces dernières années, Danakil aussi. Ils tournent beaucoup à l’étranger.

As-tu imaginé que le succès pouvait être au rendez-vous lorsque tu t’es lancé ?

Quand on fait de la musique, on a toujours la foi. C’est ce qui nous pousse à faire du son, on se dit que cela peut marcher. On pense que des gens peuvent aimer ce que l’on fait, après de là à réussir c’est autre chose. Je me retrouve à côtoyé les artistes que j’écoutais plus jeune, c’est vraiment plaisant ! Je visualisais ça dès 2011, quand on a sorti notre mixtape avec Fatbats on visait la France entière. Après il a fallut beaucoup de travail c’est sûr.

Est-ce que la langue française est potentiellement utilisable dans le reggae ?

J’ai commencé le reggae en français mais je suis passé à l’anglais très rapidement notamment grâce aux voyages. Le français est une très belle langue qui se prête totalement au reggae comme à d’autres styles musicaux. Elle est magnifique lorsqu’elle est bien utilisée, c’est une langue de poète ! Certains artistes reggae le font très bien mais c’est une question de choix et d’influence.

As-tu eu l’occasion de visiter des pays où le reggae a une place très importante ?

Je suis allé une dizaine de fois en Jamaïque, j’y ai enregistré mon premier album. Je connais bien ce pays, c’est vraiment unique, le reggae fait partie de la culture. Si tu fais une soirée avec des membres du gouvernement, tu auras de la musique reggae, tout le monde l’écoute.
Aux Îles Vierges, ils ont également le reggae dans le sang. Je pense aussi à la Nouvelle Calédonie où beaucoup de gens en écoutent.

Depuis la sortie de ton premier album en 2013, comment penses-tu avoir évolué musicalement ?

Mon niveau d’anglais n’est plus le même déjà ! (rires) Ma vision de la musique n’est pas la même, on venait du soundsystem. C’était du reggae/hip hop pour faire danser les gens. Ce n’était pas le groove reggae que j’affectionne, que j’écoute mais cela marchait quand même. Plus le temps passe, plus l’on fait des choses qui nous ressemblent. Les tempos ralentissent, l’équilibre entre la voix et la basse est mieux gérer. Il y a plus d’espace dans notre musique.

© Emma Birski

Tu traverses la planète pour jouer ta musique, est-ce qu’un live t’a marqué plus qu’un autre depuis tes débuts ?

Celui qui m’a remué, c’est celui qu’on a fait le lendemain des attentats du Bataclan. On était dans un festival, c’était vraiment fort. Vivre ça en musique avec 7000 personnes, c’était très émouvant. La musique c’est bien plus que de la musique finalement. Le son peut réparer beaucoup de choses.

Beyond est sorti l’an passé. Considères-tu ce 3ème opus comme le plus abouti ?

Sans aucun doute. Ça ne veut pas dire que c’est le meilleur album mais on est vraiment allé au bout du travail. On a fait ça à un level supérieur de ce qu’on avait l’habitude de faire.

Tu l’as défendu le 23 mars sur la scène du Zénith. Jahneration a fait ta première partie, parles nous un peu de ce duo que tu connais bien.

Les deux chanteurs sont super sympas, ce sont des amis. C’est un duo talentueux, ils sont un peu ce qu’on était il y a 2-3 ans. Ils connaissent une évolution fulgurante et leur équipe est parfaite, ils sont bien entourés ! Ils iront loin.
Et puis ce sont des potes donc c’est toujours un plaisir de les avoir en première partie, j’aime les soutenir.

Quel mot pourrait caractériser le public nantais ?

Festif ! C’est un public de fêtard. Super avenant. Il y a plus de gens qui viennent me voir à Nantes que dans ma ville , Rouen. C’est un public que l’on affectionne beaucoup. Cela promet un gros concert !

 

Naâman
Samedi 7 juillet au festival Megascène
Réservations

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard