Le voyou vous emmène sur son tandem

Rhum for Pauline, Elephanz, Pégase. Leur point commun ? Hormis la ville de Nantes, les trois ont eu un lien avec Thibaud Vanhooland. Arrivée à 12 ans dans la Cité des Ducs, le jeune rockeur a grandi musicalement au fil des années. A 28 ans, il se lance entièrement dans ce nouveau projet solo. Un challenge dira t-on, Thibaud est devenu Voyou et a sorti un premier EP prometteur en janvier dernier.

Peux-tu nous parler de ta carrière musicale qui a commencé il y a quelques années maintenant ?

Voyou : J’ai commencé la musique assez jeune et j’ai joué dans mes premiers groupes de rock quand je suis arrivé à Nantes. Celui qui a le plus marché était Rhum for Pauline dont l’aventure a duré une dizaine d’année, ça s’est arrêté en 2016. J’ai, grâce à Rhum for Pauline, rencontré les mecs d’Elephanz pour qui je suis devenu bassiste pendant quelques temps. Récemment, j’ai travaillé aussi avec Pégase.

Avant Nantes, dans quel coin vivais-tu ?

J’étais à Lille, je suis arrivé à Nantes à l’âge de 12 ans, au collège. A Lille, je faisais déjà de la musique dans des classes aménagées ou au conservatoire. C’était un parcours très classique. Ici, il y a eu une vraie scission avec tout ça, je me suis mis à apprendre à jouer d’autres instruments de musique et à m’intéresser à d’autres styles.

Pourquoi se lancer en solo ?

Depuis tout petit, j’écris des morceaux. Au fil des années c’est devenu de plus en plus sérieux et cela m’a donné envie de jouer ces morceaux sur scène. Je me suis dit qu’il était temps que je présente ce travail, cela ne sert à rien de garder ces bribes de morceaux au fond d’un tiroir.

Et à quel moment ce projet personnel a t-il concrètement commencé ?

Fin 2016, j’ai fait mon premier concert à ce moment là. Je n’arrive pas à mettre de date précise sur le moment où je me suis réellement lancé car comme je te disais, j’écris depuis des années pour ça. C’est génial de ressortir mes idées que je gardais depuis mon adolescence.
Je suis rentrer au studio il y a seulement deux mois donc il y a pas mal de choses à travailler. Je ne me fixe pas de limites mais il faut que je fasse attention à ne pas me perdre et à rester autour d’un style musical cohérent.
J’ai signé sur le label Entreprise (NDLR le label de Fishbach, Bagarre et Grand Blanc notamment), c’est désormais concret ! On retravaille sur mon premier EP pour l’améliorer et y ajouter de nouveaux titres et cette fois-ci il sera dans les bacs*. Ma première sortie n’existait qu’en version digitale.

Voyou
© Pierre-Emmanuel Testard

« Voyov », une explication ?

Je n’ai pas vraiment d’explication, je trouvais ça joli comme palindrome (NDLR « Voyov » se prononce « Voyou »). Et le mot « voyou » n’a rien de prétentieux. Je le trouve plutôt bienveillant.

Tes inspirations ?

Aucun style de musique ne m’inspire plus qu’un autre. J’ai autant écouté du jazz, de la musique classique, du hip hop, de la musique brésilienne ou encore de la pop indé. Je ne me mets aucune barrière.

Avec quel artiste actuel aimerais-tu collaboré ?

Jacques, ce serait un plaisir. Ou à l’inverse William Sheller. Pour aller dans des trucs totalement opposés. (rires)

Tu as fait pas mal de premières parties, que ce soit Polo & Pan, Broken Back ou Fishbach. Parles nous un peu de ta partie live.

Pour le moment, je n’ai pas trop eu de concert en « tête d’affiche » donc je n’ai pas de version live à proprement dit. Le dernier était au Ferrailleur pour la release party de mon premier EP donc cela remonte un peu. Finalement, c’était le concert le plus compliqué à préparer !
J’ai fait de nombreuses premières parties, j’ai hâte de passer de « l’autre côté » !

Ton meilleur souvenir ?

A Bruxelles où on est parti avec Lenparrot et Tonus. Le blog belge « La Vague Parallèle » voulait nous faire jouer là-bas donc on a tout organisé nous-mêmes et on a pris la route à l’arrache. Arrivés là-bas, aucun de nous n’avait de thunes ! (rires) Ça nous a pris beaucoup trop de temps alors que l’on jouait seulement un concert un lundi soir. Le voyage était long et éprouvant .. Mais le soir venu, le bar où l’on jouait était blindé, on a retrouvé quelques têtes connues, c’était génial ! Et un mec a cassé ma trompette ce soir-là, j’aurais dû être furieux mais même ça, ça ne m’a pas atteint. (rires) On était vraiment heureux d’être là, l’accueil était magique.

« On s’emmène avec toi », pourquoi avoir choisi cette tournure de phrase ?

Ça collait bien avec la musique. Le français est une langue assez compliquée à chanter, tu peux faire beaucoup de choses avec mais il y a certains trucs à éviter. Il faut ajuster entre l’histoire à raconter, les mots à privilégier et que le tout soit sympa à l’écoute.

Pour la partie visuelle, attaches-tu une grande importance aux clips ?

Pour le début, c’était essentiel de présenter mon nouveau projet à travers des morceaux clipés. C’est important mais c’est assez délicat comme travail, il ne faut pas non plus trop imager les paroles. Et surtout ne pas ennuyer les gens, il y a tellement de choses sur internet … Je ne sais pas comment cela va se passer pour la suite mais l’image est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Je vais essayer d’explorer pas mal de choses comme l’animation par exemple. A voir.

Que penses-tu de la scène nantaise actuelle ?

J’ai un peu ma clique de potes musiciens avec qui je joue depuis une dizaine d’années. Ce sont des personnes que je vois régulièrement, on remarque les évolutions de chacun dans les différents projets.
Après, c’est top de voir de nouveaux groupes arriver comme Inüit ou Des Roses par exemple, ils ne sont pas de notre génération. Ils ont insufflé quelque chose de novateur, ils apportent des esthétiques riches et variées. C’est plus stimulant que complexant !
Et puis l’ambiance est bonne, je croise régulièrement Inüit dans les studios parisiens ou même dans le train. On était ensemble aux Chantiers des Francos cet été ou aux Inouïs du Printemps de Bourges. C’était rassurant de quitter Nantes et de retrouver cette petite famille là-bas.

Voyou / « On s’emmène avec toi »
Sortie le 26 janvier 2018 (Entreprise et A+LSO)

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard